Algérie. Le triomphe de Moncef Marzouki

 Algérie. Le triomphe de Moncef Marzouki

Le président tunisien Moncef Marzouki a qualifié sa visite officielle en Algérie de « plus que réussie ». Photo Farouk Batiche / AFP.


Moncef Marzouki est un homme comblé. Il n’a rien d’un magicien mais il vient de réussir avec brio l’épreuve algérienne, là où tout le monde, exactement, lui prédisait une cinglante déculottée.




 


C’est que certaines mauvaises langues n’ont pas cessé de susurrer que les ombrageux dirigeants algériens seraient grandement froissés par l’activisme et l’ambition dévorante du nouveau président tunisien qui, à l’occasion de sa visite à Alger, ne manquera pas d’entendre des vertes et des pas mûres. Il n’en fut rien.


Mieux, Moncef Marzouki a eu ce qu’il voulait en gagnant à sa cause maghrébine les autorités algériennes. Au sortir, lundi matin, d’un entretien avec son homologue algérien, le président tunisien n’a pas caché sa grande satisfaction quant à la  « totale » convergence de vues entre les deux pays sur la question de la « redynamisation »  de l’Union du Maghreb arabe (UMA).


« La Tunisie attend de s’honorer de la visite du président Bouteflika à l’occasion du prochain sommet de l’UMA, une fois les conditions objectives à sa tenue réunies », a-t-il ajouté. Une façon de dire que le président algérien a bel et bien donné son accord pour prendre part à cette messe maghrébine.


Mais Moncef Marzouki veut que ce sommet ait lieu au plus vite et qu’il ne soit pas comme les précédents ; il tient à ce qu’il ne soit pas une rencontre qui ne débouche sur rien. « Nous œuvrerons à ce que cela se concrétise dans les plus brefs délais et offrirons ainsi aux peuples maghrébins un projet d’Union du Maghreb arabe rénové », a-t-il promis.


 


Contourner le problème du Sahara


La veille, le président tunisien a juré que le prochain sommet maghrébin sera « sérieux » et aura des résultats « palpables » pour les peuples de la région. Pour lui, le problème du Sahara ne doit en aucun cas être un frein à l’avènement de ce grand ensemble régional.


Pour y arriver, le « médecin » Marzouki prescrit sa potion magique : contourner cette question « douloureuse sur le plan humain » mais déjà prise en charge par  l’ONU et prendre à bras le corps les autres sujets irritants tout en œuvrant  « graduellement » à « jeter de nouveaux jalons sur la voie de la construction maghrébine ».


« Une fois les relations améliorées et les frontières ouvertes, on procèdera alors au lancement de projets communs, un impératif pour l’instauration d’un climat psychologique susceptible d’ouvrir les canaux de communication et de connaissance à même de créer des conditions politiques et psychologiques nouvelles favorisant la résolution de ce conflit (Sahara ) de manière à préserver l’honneur ainsi que les intérêts communs de tous », préconise-t-il.


Ceci dit, Moncef Marzouki n’a pas attendu de rentrer en Tunisie pour apprécier et se féliciter du fruit de son labeur. Il a qualifié sa visite officielle en Algérie de « plus que réussie » et, de son avis, les relations algéro-tunisiennes « n’ont jamais été aussi bonnes qu’aujourd’hui ». Sans parler, de l’accueil royal qui lui a été réservé par les autorités algériennes.


Avec le résultat de cette tournée maghrébine de M. Marzouki, la Tunisie post-révolution vient d’enregistrer l’une de ses plus belles victoires diplomatiques.


                                                                                          Yacine Ouchikh