Algérie. Le RCD saisit les parlementaires européens
Pour mieux éclairer les parlementaires européens qui ont procédé aujourd’hui jeudi à l’évaluation du travail de la mission européenne envoyée en Algérie pour superviser les législatives du 10 mai, le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) leur a envoyé mercredi 6 juin un rapport très critique qui dénonce vertement le rôle joué par la mission menée par le député espagnol José Ignacio Salafranca.
« En acceptant d’y envoyer une mission d’observation et en l’y maintenant malgré les avertissements et les abus patents qu’elle a constatés voire subis, l’Union européenne crée un précédent qui pèsera lourdement sur le développement de ses relations avec les forces démocratiques algériennes », avertit le RCD.
Dans son rapport, le RCD a rappelé les conditions ayant précédé le scrutin du 10 mai, ainsi que les actions qu’il a initiées pour alerter les partenaires étrangers de l’Algérie sur le peu de volonté des autorités algériennes d’organiser des élections propres et honnêtes.
Deux responsables rencontrés par des dirigeants du parti ont convenu que « les auspices sous lesquels se présentaient les législatives en Algérie étaient de plus en plus préoccupants » et ont préconisé « le retrait de l’UE dans une opération à haut risque ».
Une mission d’observation « trop complaisante »
« Pourquoi l’Union européenne s’est-elle impliquée dans un processus vicié d’avance par rapport auquel les ONG américaines ont pris leur distance ? Pourquoi a-t-elle maintenu sa mission y compris après que les provocations l’aient ciblée directement ? Pourquoi ses responsables se sont-ils empressés de saluer une élection que les Algériens eux-mêmes dénoncent jusque et y compris dans certains cercles officiels, ce qui est une première en Algérie ? », s’est interrogé le RCD en invitant les députés européens à chercher les explications.
Le parti de Mohcine Belabbas a été très déçu par le rôle joué par la mission d’observation de l’UE qui a été, à ses yeux, trop complaisante avec les autorités algériennes.
« Partie pour apporter une plus-value aux revendications démocratiques algériennes, l’Union européenne, voulant coûte que coûte prendre pied en Algérie, a commis l’erreur qu’elle prétendait éviter : donner de l’oxygène à l’un des systèmes politiques le plus fermés du sud de la Méditerranée », déplore le RCD.
Désormais, il sera difficile, estime le RCD de convaincre les Algériens que « l’UE a d’autres objectifs que les dividendes économiques attendus du régime, d’autant plus commodes qu’ils sont illégitimes ».
Yacine Ouchikh