Algérie – Le journal Echourouk lance sa télévision satellitaire

 Algérie – Le journal Echourouk lance sa télévision satellitaire

Un lancement symbolique pour Echourouk

Le directeur du journal arabophone Echourouk, Ali Fodhil, est un homme pressé. Avant même l’adoption par le Parlement de la loi consacrant l’ouverture de l’audiovisuel au privé, il a pris tout le monde de court en lançant symboliquement la chaîne de télévision satellitaire Echourouk TV.

Symbolique pour symbolique, les responsables d’Echourouk ont choisi le 75ème anniversaire du déclenchement de la révolution et le 11ème de la création de leur journal pour donner naissance à la première chaîne de télévision privée algérienne.

Dans un premier temps, Echourouk TV se contentera de diffuser sa mire sur le satellite NileSat à partir de Oman (Jordanie) et de Beyrouth (Liban) avant de prendre ses quartiers à Dubaï aux Emirats Arabes Unis et à Doha au Qatar.

Au bout de trois mois d’essais techniques avec des programmes tests (documentaires, forums organisés par le journal,…) et une fois la nouvelle loi consacrant l’ouverture du champ audiovisuel au secteur privé adoptée, Echourouk TV sera lancée officiellement et ouvrira des bureaux à Alger et dans plusieurs wilayas du pays.

Une télé ambitieuse

Généraliste, la chaîne diffusera essentiellement en langue arabe mais aussi en français et en Tamazight. Ambitieuse, elle compte proposer un programme très varié allant d’émissions diversifiées (politique, économie, sport, culture, religion, science…) jusqu’aux informations, en passant par les variétés.

Interrogé par l’AFP sur le coût de ce projet, Ali Fodhil a refusé de donner le moindre chiffre. «Le seul et unique propriétaire et financier est Echourouk. Par la suite, nous proposerons des parts à des sociétés ou des particuliers », a-t-il toutefois précisé.

Il faut dire que les responsables d’Echourouk tiennent beaucoup à ce projet. Au lendemain de l’annonce par le président Bouteflika de sa décision de mettre fin au monopole de l’Etat sur le secteur de l’audiovisuel, ils ont de suite affiché leur ambition de conquérir un espace médiatique, jusqu’ici interdit à l’initiative privée.

 

Le ministère de la communication réticent

Mais ils ne sont pas les seuls puisque les journaux El Watan et El Khabar se sont eux aussi empressés d’annoncer leur volonté de lancer des chaînes de télévision.

Une précipitation qui n’est pas du goût du ministre de la Communication, Nacer Mehal, qui a soutenu jeudi 27 octobre sur les ondes de la radio algérienne qu’« il est inconcevable de déposer des dossiers alors que les conditions d’ouverture du champ audiovisuel ne sont pas encore réunies et que la loi sur l’information est toujours au Parlement ».

Et Mehal d’enfoncer le clou : « Nous n’avons reçu à ce jour aucune demande d’agrément pour la création de chaînes de radio et de télévision privées ». Moins de cinq jours après cette « mise au point » du ministre, le journal Echourouk a annoncé le lancement symbolique de sa chaîne de télévision.

Même si beaucoup verront dans cette décision un défi qui ne veut pas dire son nom à l’égard du ministre de tutelle, elle a le mérite de secouer le cocotier en mettant de la pression sur les autorités afin d’accélérer la cadence des réformes annoncées.

Yacine Ouchikh