Algérie – Le général Nezzar se dit victime d’un complot

 Algérie – Le général Nezzar se dit victime d’un complot

Khaled Nezzar

Près d’un mois après son audition à Genève par le procureur fédéral suisse, suite à une plainte déposée contre lui pour « suspicion de crimes de guerre », le général à la retraite Khaled Nezzar contre-attaque.

Dans un long entretien accordé aujourd’hui mercredi au Soir d’Algérie, l’ancien homme fort du régime algérien s’est dit « au cœur d’une conspiration ». Il explique sa présente mésaventure judicaire en terre helvétique par sa plus grande « visibilité » sur la scène mais surtout par « la hargne des ennemis » qui a «la vie longue ».

Les ennemis de Nezzar

Qui sont-ils ces ennemis ? Il y a d’abord les anciens du FIS qui ne lui ont jamais pardonné son rôle de premier plan dans l’arrêt du processus électoral de décembre 1991 leur ayant barré la route du pouvoir.

«Rien n’est plus gratifiant pour ceux auxquels l’ANP a, jadis, barré la route que de voir un de ses anciens chefs sur la sellette. Quelque part, c’est une tentative d’obtenir par ricochet la condamnation par la justice des nations qui comptent, de l’action salvatrice de janvier I992 », explique?t?il.

Pour lui, il n’y a pas l’ombre d’un doute : à travers sa  personne, c’est toute l’Armée algérienne qui est visée. «Ils le disent on ne peut plus clairement : on ne peut pas citer à comparaître toute l’armée. On incrimine donc celui qui la commandait », souligne-t-il.

Outre les islamistes, l’ancien ministre de la défense fait le reproche au président du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Ait Ahmed d’être pour quelque choses dans ses démêlées avec la justice suisse.

Lors de son audition du 20 et 21 octobre dernier, Khaled Nezar n’a pas hésité à assimiler Ait Ahmed à « un élément du FIS ». « Les carnages sont le fait des éléments du FIS, dont un se trouve en Suisse », a-t-il alors dénoncé en faisant allusion au vieux leader du plus ancien parti d’opposition.

Khaled Nezzar assure avoir « du respect pour le parcours historique d’Ait Ahmed » mais s’est montré critique à l’égard des positions politiques du président du FFS qui « sont un peu difficile à suivre pour ceux qui ont habitués à une certaine constance dans les idées ».

Victime d’un complot ?

Au vrai, c’est toute la famille « qui-tue-quiste », à l’intérieur comme en dehors du système, que le général à la retraite désigne du doigt. « Le timing de ces attaques, le contexte régional dans lequel elles sont menées, les commanditaires que l’on devine derrière elles, m’autorisent à croire qu’il y a des arrière-pensées bien éloignées du dossier visible des plaignants », assène-t-il.

Ne voit-il pas la main du président Bouteflika auquel il s’est opposé en 1999 ? Non. Nezzar assure que le chef de l’Etat a été « pleinement » solidaire avec lui. « L’Etat algérien est logique avec lui-même. Il s’est assumé clairement dans cette affaire », se félicite le général à la retraite.

Pour ce qui est des faits qui lui sont reprochés, Khaled Nezzar assure être blanc comme neige. « Je suis pour le droit, pour la liberté et pour la démocratie (…) J’ai quitté le pouvoir volontairement. Pourquoi aurais-je torturé ou fait torturer ? Dans quel but ? », s’est-il interrogé.

Mieux, il ne voit pas d’un mauvais œil le travail des ONG, y compris TRIAL. « Si la menace de devoir rendre des comptes peut faire reculer un dictateur, on ne peut que s’en réjouir », soutient-il.

Yacine Ouchikh