Algérie. Le FLN grand vainqueur des législatives

 Algérie. Le FLN grand vainqueur des législatives

Le FLN d’Abdelaziz Belkhadem vient de rafler 220 des 462 sièges que comptera la prochaine Assemblée populaire nationale. Photo Farouk Batiche / AFP.


Pourtant traversé par une grave crise interne, le Front de libération national (FLN) d’Abdelaziz Belkhadem a coiffé au poteau l’ensemble de ses concurrents en remportant les élections législatives.




 


220 sièges pour le FLN


Le FLN vient de rafler presque la moitié, soit 220, des 462 sièges que comptera la prochaine Assemblée populaire nationale. Il est suivi du parti du Premier ministre Ahmed Ouyahia, le Rassemblement national démocratique (RND), qui a obtenu 68 sièges.


En troisième position, arrive l’Alliance de l’Algérie verte, composée de trois partis islamistes dont le Mouvement pour la société de la paix (MSP), qui n’a eu que 48 sièges alors qu’avant le début des élections, elle se voyait déjà remporter le scrutin.


Le Front des forces socialistes (FFS) de Hocine Ait Ahmed s’est contenté, avec cette première participation depuis 10 ans, de 21 sièges. Il est suivi du Parti des travailleurs (PT) de Louisa Hanoune qui voit le nombre de ses députés se réduire à 20.


Aussi paradoxal que cela puisse paraître, le nouveau parti islamiste d’Abdellah Djaballah, le parti pour la justice et le développement (PJD), n’a glané que 7 sièges.


 


Pas de victoire pour les islamistes


Première chose qui ressort des résultats de cette élection : le cuisant échec des islamistes qui, dans leur ensemble, n’ont pu dépasser les 60 sièges ! Ainsi, le raz-de-marée islamiste prédit par certains dans le sillage du printemps arabe qui a vu des partis de cette chapelle politique arriver au pouvoir, n’a pas eu lieu sur cette terre algérienne.


Dépité par cette tournure prise par les événements, Abderrazak Mokri, responsable influent du MSP, a crié à la fraude et fait porter le chapeau au président Bouteflika.


 


« Reconduire le statu quo » ?


En revanche, les partis proches du pouvoir, le FLN et le RND, ont survolé cette élection législative puisqu’à deux, ils ont entre les mains la majorité absolue au prochain Parlement.


Aux affaires depuis au moins l’arrivée au pouvoir d’Abdelaziz Bouteflika, ces deux partis sont pourtant comptables de la situation sociopolitique explosive dans lequel se trouve le pays. Par quelle alchimie ont-ils pu déjouer tous les pronostics qui les donnaient perdants ? Des partis comme le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), seul parti à boycotter le scrutin, ont mis cette performance sur le compte de la fraude massive organisée par les tenants du régime qui ont décidé de « reconduire le statu quo ».


 


Un taux de participation supérieur à 2007


Autre remarque : le fort taux d’abstention prévu par nombre d’observateurs ne s’est pas vérifié. Le taux de participation annoncé aujourd’hui en conférence de presse par le ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia a été de 42,36%, bien supérieur à celui des législatives de 2007 qui était de 36%.


D’aucuns ont accusé les autorités d’avoir gonflé le taux de participation. Imperturbable, M. Ould Kablia a estimé que « cette participation importante aux législatives témoigne du sens élevé du devoir patriotique et civique des Algériens ». « Aucune force ne pourra dicter ses lois et dire quoi faire à un pays qui a mené une guerre de libération et a souffert des affres du terrorisme », pavoisait-il.


Yacine Ouchikh