Algérie. Le FFS au bord de l’implosion

 Algérie. Le FFS au bord de l’implosion

Le leader du FFS Hocine Aït Ahmed (au centre) aujourd’hui en exil en Suisse. Photo archives Hocine Zaourar / AFP.


La participation du Front des forces socialistes (FFS) aux dernières élections législatives n’a pas été sans conséquences. Le plus vieux parti de l’opposition est aujourd’hui au bord de l’implosion. Des cadres et anciens premiers secrétaires du FFS sont soupçonnés par la direction du parti de s’être adonnés à un travail de sape durant la campagne électorale.




 


La première sanction est tombée lundi 22 mai : Farid Khalef, secrétaire fédéral de la wilaya de Bejaia, la plus importante fédération à travers le pays, a été démis de ses fonctions. Son tort ? Il fait partie d’un groupe de 150 cadres ayant dénoncé les pratiques antidémocratiques de la direction du parti dans un rapport adressé au président Hocine Ait Ahmed.


Pour Farid Khalef, le président du FFS n’est pas bien informé de ce qui se passe au sein du parti : « On ignore ce que ces gens rapportent au président du parti. Ce qui est certain, c’est qu’il est très mal informé. Nos doléances ont été travesties », a-t-il confié à TSA.


 


« Des mesures exemplaires »


La réponse du leader charismatique n’a pas trop tardé à tomber. Mardi 23 mai, M. Ait Ahmed, en exil en Suisse, a enjoint, dans une lettre adressée aux instances dirigeantes du parti, de prendre « des mesures exemplaires » à l’encontre des cadres et militants qui se seraient rendus coupables de « comportements indignes » lors de la campagne électorale pour les législatives.


« Il m’est parvenu des informations sur des comportements indignes de la part de responsables ou de figures importantes du parti à l’occasion de ces élections. J’ai demandé à ce que tous les manquements soient rapportés et dûment consignés dans des rapports qui seront discutés dans les instances du parti et sur lesquels je souhaite être tenu informé au plus tôt », a écrit le vieil opposant avant d’asséner : « Les comportements fractionnels, les chantages à la dissidence et toutes les formes de pression que des individus ou des groupes d’individus ont menées en direction du parti lors de la campagne électorale ou après doivent faire l’objet de mesures exemplaires ».


En effet, pendant la campagne électorale, d’anciens premiers secrétaires du FFS (Zenati, Karbouaa et Bouhadef) ont pris leurs responsabilités de se démarquer publiquement de la ligne participationniste suivie par la direction du parti.


Ceci n’a pas manqué de déteindre sur la base du parti qui a mal digéré la décision de la direction du parti de prendre part aux élections. D’autres cadres du parti, à l’image de l’ancien premier secrétaire, Karim Tabbou, pourtant candidat à la députation, ont été soupçonnés d’avoir poussé les militants au boycott des élections. 


 


Une fronde qui tombe mal


Ce qui aurait sorti Ait Ahmed de ses gonds est le fait que cette dernière sortie des cadres du parti intervienne au moment où des tractations sont mènées autour de l’entrée du FFS au gouvernement. Et cette fronde est de nature à affaiblir la position du parti lors des négociations.


Reste à savoir si Ait Ahmed ira jusqu’à déclencher une purge contre tout ce beau monde au risque de provoquer une hémorragie au sein de son parti. Surtout que les premiers secrétaires visés jouissent d’un réel capital crédit auprès des militants du parti, voire au-delà. 


Pour ce qui est de la participation du FFS aux législatives, Hocine Ait Ahmed la trouve bien positive, au point d’adresser ses chaleureuses félicitations à la direction comme aux militants et électeurs « pour cette victoire face à une adversité dont la puissance et la complexité donnent encore plus de mérite à ceux qui ont su lui résister ». Pourtant, le FFS n’a remporté que 21 sièges sur les 462 mis en jeu.


Yacine Ouchikh