Algérie. La délégation de l’UE sur le terrain

 Algérie. La délégation de l’UE sur le terrain

Mené par la présidente de la délégation de l’UE à Alger


Arrivée en Algérie le 31 janvier pour une mission exploratoire en vue de préparer les prochaines élections législatives, la délégation de l’Union européenne a déjà à son actif plusieurs rencontres avec différents acteurs politiques algériens.


 


Mené par la présidente de la délégation de l’UE à Alger, Laura Baeza, le groupe d’experts a été reçu hier mercredi par le ministre algérien des affaires étrangères Mourad Medelci.


Rien ou presque n’a filtré sur les questions abordées lors de cette entrevue. Le porte-parole du ministère algérien des affaires étrangères Amar Belani a toutefois confié à l’agence officielle APS que le chef de la diplomatie algérienne a évoqué avec la délégation européenne les « réformes politiques profondes engagées par l’Algérie à l’initiative du président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, et plus précisément la réforme consacrée par l’adoption d’un nouveau cadre juridique qui constitue une avancée importante en matière de garantie des prochaines élections ». Sans plus.


Autres responsables rencontrés par la délégation européenne : le président de la commission des affaires étrangères, de la coopération et de la communauté à l’étranger de l’Assemblée populaire nationale (APN), M. Abdelhamid Si Afif, et le président du groupe d’amitié parlementaire Algérie-UE, M. Mohamed Nadhir Hamimid, ancien ministre de l’habitat. Des visites dans certaines wilayas et des rencontres avec des figures de la société civile sont également au menu de l’agenda de la délégation.


 


Rencontre avec les partis politiques


Côté partis politiques, la première formation à recevoir la visite de la délégation européenne, le 1 février, est le RCD de Saïd Sadi qui, logiquement, ne prendra pas part aux joutes électorales de mai prochain.


Face à leurs interlocuteurs européens, les dirigeants du RCD, figure de proue de l’opposition démocratique, ont exprimé « leurs appréhensions quant à la préparation des prochaines élections » et insisté sur la nécessité de « la mise en place d’une commission nationale indépendante associant personnalités, représentants de partis et de la société civile pour procéder à l’assainissement du fichier électoral ». Le parti de Saïd Sadi a accusé les autorités d’avoir dopé le fichier électoral de plus de 4 millions de voix supplémentaires.


Lundi 6 février, les experts européens se sont déplacés au siège du parti islamiste, le MSP d’Aboudjerra Soltani qui, en janvier, a quitté avec fracas l’Alliance présidentielle. Selon un communiqué de ce parti, la délégation européenne a parlé des conditions qui doivent être réunies pour que l’UE puisse envoyer une mission d’observation, comme la liberté de circulation des observateurs et les garanties politiques en rapport avec le respect des règles de  transparence du scrutin.


Le lendemain, c’est un autre parti islamiste nouvellement créé par Abdellah Djaballah, le Front pour la justice et le développement(FJD), qui a recu la délégation européenne pour décortiquer la question de la montée de la mouvance islamiste dans la région.


Lakhdar Benkhelaf, membre fondateur de ce parti, a confié au site TSA qu’ « ils (européens, ndlr) se sont interrogés sur les chances de ce courant en Algérie d’arriver au pouvoir et sur la place accordée à la femme dans les listes du parti ». Les responsables du FDJ, eux, ont soulevé, entre autres, la question du corps électoral et la désignation d’un gouvernement technocrate.


La journée du mercredi a été consacrée aux partis proches du pouvoir, le RND et le FLN. Se basant sur une source proche du parti d’Ahmed Ouyahia, le site TSA a rapporté que les experts européens se sont intéressés au programme RND, au mode de sélection de ses candidats mais surtout aux sources de financement de la campagne électorale.


 


Le processus électoral à la loupe


Lors de la rencontre avec des responsables du FLN, la directrice du bureau de soutien aux élections et à la démocratie de l’Union Européenne (UE), Delphine Skowern, s’est laissée aller à quelques confidences. « Nous sommes appelés à établir une analyse sur le processus électoral dans son ensemble et il ne s’agit en aucune manière de valider ou invalider les résultats du scrutin qui relève de la souveraineté du pays hôte », a-t-elle déclaré.


Pour elle, la mission de cette délégation se résume à « recueillir auprès de partis politiques et des représentants de la société civile des informations sur la base desquelles des recommandations seront transmises à la haute représentante de l’UE, laquelle prendra en dernier ressort la décision de dépêcher ou non une mission d’observateurs européens le mois de mars prochain ».


Dans le cas ou l’UE décidera d’envoyer des missions de représentants pour superviser le prochain scrutin, celles-là seront « indépendantes » et « dirigées par des parlementaires qui évalueront et analyseront le processus sur le long terme », c’est-à-dire que leur analyse « ne se focalisera pas sur le jour du scrutin mais sur tous les aspects en amont, notamment les campagnes, le dépôt des candidatures, les médias et aussi le contentieux électoral ».


Ce travail de fourmi sera sanctionné par une déclaration publique 48 heures après l’opération du vote mais aussi par un rapport final qui sera publié, un à deux mois après le scrutin.


                                                                                                           Yacine Ouchikh