Algérie. L’heure de vérité pour les islamistes du MSP
Le Mouvement pour la société de la paix (MSP) mettra-t-il cette fois-ci à exécution sa menace de se retirer de l’Alliance présidentielle dans laquelle il siège depuis 2002 ? La décision sera prise à l’issue de la réunion du conseil consultatif (Madjliss Echourra) prévue pour vendredi et samedi.
Grisé par les victoires électorales de ses congénères tunisiens, marocains et égyptiens, le chef du parti islamiste MSP, Aboudjerra Soltani, a ouvertement évoqué l’éventualité d’un lâchage en règle de ses compagnons de l’Alliance, le FLN de Abdelaziz Belkhadem et le RND d’Ahmed Ouyahia.
« Il semble que 2012 est une année de concurrence et non une année d’alliance », avait-il soutenu début décembre. Dans un entretien accordé lundi 26 décembre à l’agence britannique Reuters, il revient à la charge en agitant à nouveau l’étendard de la rupture.
« Les circonstances qui ont donné naissance à la coalition gouvernementale en 2002 ne sont plus d’actualité, explique encore le chef islamiste. Nous avons besoin de trouver d’autres moyens de faire de la politique», assène-t-il, avant d’enfoncer le clou : « La décision finale appartient à la Choura (conseil consultatif), qui devrait prendre d’ici la fin de ce mois. Personnellement, je suis avec ceux qui soutiennent l’idée de quitter le gouvernement, et la majorité est avec moi ».
Et Soltani peut compter sur un soutien de poids en la personne de Abderrazak Mokri, représentant de la ligne dure du parti, qui a confié aujourd’hui mardi au journal « La Tribune » : « Je suis parmi les premiers à défendre cette idée ».
Une décision qui ne fait pas l’unanimité
Mais cette idée de retrait de l’Alliance ne fait pas l’unanimité au sein du parti islamiste. Joint par l’agence officielle APS, le responsable de la communication du MSP, M. Djemai, a tenté d’édulcorer les déclarations tranchées de son chef en assurant que le conseil consultatif est souverain dans sa décision. Une façon d’insinuer que Soltani a exprimé un avis strictement personnel et que la question est loin d’être tranchée.
Pour lui, les informations rapportées par les journaux sur l’existence d’une majorité au sein du Conseil consultatif qui demanderait le retrait de l’Alliance présidentielle « ne sont que des articles de presse ».
« Il n’est pas possible de connaître l’avis de la majorité avant la réunion du conseil et l’examen de cette clause qui entre dans le cadre de l’examen de la politique générale », insiste-t-il.
A l’évidence, deux tendances s’affrontent au sein du parti islamiste : l’une en faveur du retrait et l’autre contre. Connus pour leur opportunisme et leur pragmatisme, les héritiers de Mahfoudh Nahnah ne prendront pas leur décision sur un coup de tête ou sans prendre conseil – consignes ? – auprès des centres du pouvoir qui détiennent les clés du jeu politique.
Il n’est pas non plus exclu que toute cette agitation ne soit rien d’autre qu’une manœuvre de la part du MSP pour faire monter les enchères.
Yacine Ouchikh