Algérie. L’heure de vérité
Après trois semaines d’une campagne électorale des plus moroses, les candidats aux législatives seront ce jeudi face à leur destin. Les 21 millions d’électeurs sont appelés à départager 2 037 listes de candidatures en course pour les 462 sièges que comptera la prochaine assemblée populaire nationale.
Tout le long de la campagne électorale, les Algériens n’ont pas fait montre d’un grand enthousiasme envers les élections, quand ils n’adoptaient pas des attitudes de défi.
Fait rare dans les annales politiques algériennes, des premiers responsables de partis ont été contraints d’annuler leur meeting faute de public et certains, comme le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ont vu leurs rencontres carrément chahutées.
Les autorités ont eu beau battre le rappel des artistes et autres sportifs, agiter l’épouvantail de l’intervention étrangère et de la scission du pays, en vain, les Algériens sont toujours restés amorphes. Ils ont en fait été plus branchés sur l’élection présidentielle française qu’ils ont suivie de bout en bout.
Bouteflika se mobilise
Face au spectre de l’abstention, le président de la République a été contraint de s’investir corps et âme pour sauver coûte que coûte cette élection. Il est ainsi intervenu à sept reprises, alors que par le passé, il ne s’investissait jamais dans ce genre de scrutin.
Dans l’espoir de titiller le sentiment nationaliste de ses compatriotes, le président Bouteflika est allé jusqu’à comparer les législatives du 10 mai au 1er novembre 1954, date du début de la révolution algérienne. Il faut savoir que cet investissement personnel est dicté surtout par son souci de sauver le système qui, avec la nouvelle conjoncture régionale, s’est retrouvé face à une réelle menace. Réussira-t-il le pari fou de dompter les démons de l’abstention ? On le saura vendredi.
Les islamistes optimistes
Autre question : qui sortira vainqueur de cette épreuve électorale ? Chacun voit midi à sa porte. Les islamistes de l’Alliance verte menés par le Mouvement pour la société de paix (MSP) – un parti qui compte 4 ministres dans l’actuel gouvernement – se voient comme les grands vainqueurs et pensent d’ores et déjà à la formation du nouveau gouvernement. « L’Alliance commence à penser sérieusement à la formation du futur gouvernement et aux alliances qu’elle pourrait conclure dans la prochaine étape », a confié Fateh Rebaï, président d’Ennahda, lors d’une conférence de presse animée le 7 mai à Alger.
Le même optimisme débordant est affiché par l’autre islamiste Abdallah Djaballah qui lui aussi tire des plans en prévision de son entrée au gouvernement. Mais toute porte à croire que le FLN d’Abdelaziz Belkhadem est en bonne position pour être le parti majoritaire dans la prochaine Assemblée.
Yacine Ouchikh