Algérie – Khalifa dénonce la mise à mort de son groupe

 Algérie – Khalifa dénonce la mise à mort de son groupe

Abdelmoumen Khalifa soutient que son groupe a été victime d’une mise à mort délibérée.

L’homme à l’origine du « scandale du siècle » en Algérie, Abdelmoumen Khalifa, a parlé jeudi 10 novembre sans pour autant aller à de grandes révélations. De sa prison londonienne, l’ancien « golden boy » algérien a accordé un entretien au journal arabophone Echourouk pour livrer quelques informations assez intéressantes.

A contre courant de la version officielle, Abdelmoumen Khalifa assure que son groupe ne se dirigeait pas vers la faillite et était même en bonne santé financière. « Mes sociétés se portaient très bien, sinon comment expliquer ma capacité à acheter 30 % des actions de la banque française Société Générale ? La faillite légale ne se déroule pas de la manière avec laquelle le groupe s’est effondré », affirme-t-il avant d’ajouter : « Le manager administratif qui a été désigné à la tête du groupe a joué un rôle de premier plan pour «détruire» les sociétés de Khalifa ».

En clair, le groupe Khalifa a été victime d’une mise à mort délibérée. Voilà qui ne manquera pas de donner du grain à moudre à ceux qui s’interrogeaient sur la précipitation des autorités algériennes à prononcer la dissolution pure et simple d’un groupe qui pouvait être sauvé.

Une affaire à cachet politique ?

En 2003 déjà, dans un entretien au Soir d’Algérie, Abdelmoumen Khalifa a désigné le chef de l’Etat algérien comme étant le responsable de ses malheurs. « J’ai été victime de Bouteflika et ses ministres », dénonçait-il. « El Khalifa est une affaire d’Etat », expliquait-il, en 2007, au défunt hebdomadaire Al Mohaqiq.

Ne dérogeant pas à cette ligne de conduite, il affirme cette fois-ci encore que l’affaire « revêt un cachet politique » et ne « s’appuyait sur aucune preuve ».

Et les accusations portées contre lui ? « Inventées de toutes pièces », rétorque-t-il. « Certains politiciens ont tout simplement lancé des accusations contre moi. Certains d’entre eux parlaient de la faillite de mes entreprises et la disparition de 14 milliards de dollars trois mois avant l’effondrement d’El Khalifa », soutient-il encore.

Des milliards dans la nature

Autre information importante livrée par le jeune patron déchu : il assure ne détenir aucun compte à l’étranger. « Si je possédais des comptes bancaires à l’étranger, des pays comme la France et l’Angleterre les auraient découverts en quelques minutes. Que tout le monde sache que le FBI a mené des investigations aux Etats-Unis mais n’a rien trouvé sur moi », se défend-il.

Où sont alors passés les biens et l’argent du groupe Khalifa ? Réponse de son ancien PDG : « Cette question devrait être posée aux responsables en Algérie parce que les milliards dont vous parlez, je les ai laissés derrière moi en Algérie ». En décodé, les milliards de Khalifa ont été volés. Par qui ? Motus et bouche cousue.

Pour ce qui est de l’éventualité de son extradition vers l’Algérie, Abdelmoumen Khalifa souffle le chaud et le froid. Il assure d’une part ne pas fuir la justice et, de l’autre, il soutient avoir plusieurs « alternatives juridiques » pour éviter d’être extradé vers Alger, sans pour autant écarter l’éventualité de sa libération par la justice britannique. « Le dossier Khalifa est actuellement entre les mains des magistrats de la Cour de recours pour étude. Par la suite, j’aurai la possibilité d’introduire un recours au niveau de la Cour suprême. En cas d’échec de mes recours, je pourrais faire appel à la Cour européenne des droits de l’Homme », explique-t-il.

Il faut dire que Khalifa est un homme très gênant et sa non extradition en Algérie arrange finalement beaucoup de monde.

Yacine Ouchikh