Algérie – Jubilation des islamistes après la victoire d’Ennahdha en Tunisie
Les partis islamistes algériens pavoisent après la victoire d’Ennahdha aux premières élections libres organisées en Tunisie. Ils se répandent en félicitations bruyantes envers les frères « nahdhaouis » dans l’espoir de provoquer l’effet boule de neige qui leur permettra de conquérir à leur tour l’Assemblée nationale aux prochaines élections législatives prévues en 2012.
C’est chez le Mouvement pour la société de la paix (MSP) qui compte 4 ministres dans le gouvernement d’Ahmed Ouyahia, un parti connu pour son opportunisme politique, que cette volonté de récupération de la percée du mouvement de Rached Ghannouchi est la plus manifeste.
Pour le MSP, la victoire du parti islamiste tunisien a une seule signification : « Le courant islamiste est apte à être la locomotive du changement ». « Les résultats des élections pour l’Assemblée constituante en Tunisie confirment que le courant islamiste demeure toujours l’espoir des peuples musulmans et que l’influence du courant laïc dans les pays arabo-islamique est très réduite », souligne le mouvement d’Aboudjerra Soltani dans un communiqué.
Il s’est même permis de conseiller aux autorités algériennes de tirer les leçons de cette expérience tunisienne pour remédier à la désaffection électorale qui ternissait les précédents scrutins. « La seule manière de traiter le phénomène du boycott est de garantir des élections propres et honnêtes, en restituant la parole au peuple et faire confiance à ses capacités de bien choisir », claironne-t-il.
Un triomphalisme affiché
Grisé par la victoire des « frères » tunisiens, le leader du MSP, Aboudjerra Soltani, a soutenu sur les colonnes du journal l’Expression que « l’alternative c’est le courant islamiste ». Il n’a pas l’ombre d’un doute : le scénario tunisien se reproduira inévitablement en Algérie. « En Algérie, si on nous garantit une élection libre et sans fraude, les islamistes l’emporteront sans aucun doute », soutient-il, très sûr de lui, avant de prédire le triomphe des frères musulmans en Egypte en novembre prochain.
Abdellah Djabellah, fondateur de trois partis politiques (Ennahda, El Islah et, dernièrement, le FJD) affiche, dans l’Expression toujours, le même triomphalisme. «L’Algérie est un pays voisin de la Tunisie et fait partie du Monde arabe. Ce qui arrive dans ces pays touchera l’Algérie, si la volonté du peuple est respectée. Aujourd’hui, cette volonté est bafouée et étouffée», explique-t-il doctement.
Moins offensifs, les partis Ennahdha et El Islah se sont contentés de saluer la percée de leur congénère tunisien, présentée comme une victoire de la transition démocratique en Tunisie.
Cette euphorie générale chez les partis islamistes contredira-t-elle les analyses d’observateurs avertis qui créditent le courant islamiste d’un poids électoral ne dépassant pas les 20 % ?
Les Algériens accorderont-ils leur confiance aux islamistes tenus pourtant pour responsables de la violence terroriste qui sévit dans le pays depuis près de 20 ans et qui s’est soldée par plus de 150 000 morts ? Réponse dans quelques mois.
Yacine Ouchikh