Algérie – Front des forces socialistes : Aït Ahmed dégomme Karim Tabou
Changement à la tête du Front des forces socialistes (FFS) : Hocine Ait Ahmed, président du plus vieux parti d’opposition, vient de mettre fin aux fonctions du premier secrétaire du parti, Karim Tabou. Il a aussi procédé à la nomination de son successeur, Ali Laskri qui a déjà assumé ce poste de 2004 à 2007.
C’est par vidéo que Hocine Ait Ahmed, en exil volontaire à Lausanne en Suisse, a annoncé cette importante décision aujourd’hui vendredi au conseil national du parti qui tenait une réunion ordinaire consacrée à l’analyse de la situation du pays et au débat sur les échéances politiques du parti.
Karim Tabou accuse le coup sans faire trop de vagues, expliquant son remplacement par « la règle d’alternance » ayant vigueur au sein du FFS.
« La décision de procéder à la nomination d’un nouveau secrétaire national a été prise vendredi 18 novembre à l’issue du conseil national. C’est le président du parti, Hocine Ait Ahmed, qui a pris la décision conformément aux statuts du FFS », explique-t-il au site DNA.
Il a également déclaré au site TSA : « C’est une chose tout à fait normale au sein d’un parti. J’espère que le FFS va se propulser davantage. »
Selon Hocine Ait Ahmed, ce changement obéit à la volonté de « rassembler les énergies du parti » pour mieux préparer la convention nationale.
Reproche-t-il à son poulain d’avoir écarté des cadres du parti ? Possible. Surtout que le plus jeune premier-secrétaire du plus vieux parti d’opposition a souvent été critiqué pour son « autoritarisme ».
Conflit de générations ?
N’étaient l’opposition farouche de la vieille garde du parti, ce jeune loup d’à peine 38 ans aurait été déjà premier-secrétaire en… 2001.
C’est ce qu’avait confié Karim Tabou au magazine panafricain Jeune Afrique en 2009 : « Je devais être désigné premier secrétaire national du parti en 2001, mais j’ai dû faire face à une véritable levée de boucliers de la part des anciens. Ils ne pouvaient pas admettre qu’un jeune de 28 ans dirige le FFS. Ce club de cadres qui pensent davantage à leurs intérêts qu’à celui du parti, a fait capoter ma nomination. »
Et depuis son intronisation, Karim Tabou a procédé au rajeunissement de la direction du parti. A-t-il fait les frais d’un conflit de générations ? Possible.
En tout cas, le grand retour de Ali Laskri, un cadre effacé mais respecté par ses pairs, à la tête du parti, apparaît comme une volonté d’Ait Ahmed de calmer la fronde des anciens du parti. Certes, il n’est pas aussi bon communicateur que Karim Tabou, mais il est à même de faire le consensus autour de lui.
Autre décision annoncée par le président du FFS : le report du 5ème congrès du parti qui devait se tenir courant 2012.
Yacine Ouchikh