Algérie. Désunion des islamistes : la preuve par Djaballah
Dans l’espoir de rééditer en Algérie les victoires électorales remportées par les partis islamistes dans certains pays de la région (Tunisie, Maroc et Egypte), des personnalités de ce courant ont multiplié depuis quelques temps déjà, les initiatives pour réaliser l’union sacrée de la « grande » famille islamiste, disloquée en plusieurs partis croupions, pour partir à l’assaut du pouvoir.
La dernière en date est à mettre à l’actif de cheikh Sahnouni, une des figures de proue de l’ex-FIS (front islamique du salut dissout en 1992) qui a confié lundi 20 février au journal arabophone Echourouk être en contact permanent avec les dirigeants du Front pour la justice et le développement (FJD) de Abdellah Djaballah et du Front du changement de Abdelmadjid Menasra, ancien ministre et ex-numéro 2 du MSP, dans le but de sceller une alliance derrière laquelle se rangera la base de l’ancien parti de Abassi Madani, estimée par certains à plus de 2 millions électeurs.
Mais c’était compter sans les insurmontables divisions et surtout l’égo surdimensionné des chefs islamistes. Chacun d’eux se voit comme le grand guide qui portera haut l’étendard islamiste et derrière lequel tous les autres doivent se mettre en ordre de bataille pour aller à la conquête du pouvoir.
Résultats des courses, la tentative de Cheikh Sahnouni a connu le même sort que les précédentes missions de bons offices, c’est-à-dire l’échec. Il vient d’être signé par Abdellah Djaballah qui, lors d’une conférence animée mardi 21 février, s’est ouvertement prononcé contre toute alliance avec les autres partis islamistes.
Une alliance oui, mais post électorale
« Toutes mes tentatives, depuis le début de mon parcours politique en 1976, pour rassembler les islamistes se sont soldées par un échec. Cela m’a fait perdre tout espoir… », a-t-il justifié. Pour le moment, il préfère une association entre les différents partis pour assurer la surveillance des prochaines législatives, sans pour autant fermer la porte à une alliance qui interviendrait… à l’issue du scrutin.
« Le FJD est prêt à s’associer avec d’autres formations politiques pour assurer la surveillance des prochaines législatives et nouer avec elles des alliances après le scrutin en fonction de leurs résultats. Nous croyons fort à un partenariat politique fondé sur des bases solides. Le FJD n’exclura personne », a?t?il soutenu.
Se trahissant davantage, Abdellah Djaballah s’est dit convaincu de la victoire de son tout nouveau parti qui vient à peine de tenir son congrès constitutif. « Le FJD est qualifié pour remporter les élections plus que tout autre parti. Il n’y a aucun doute qu’il va les remporter (…). On a l’ambition, et la confiance qu’on va gagner », a-t-il clamé.
D’où tire-t-il une telle assurance ? Comment compte-t-il s’y prendre pour coiffer au poteau des machines électorales comme le FLN et le RND ou encore le MSP ? M. Djaballah ne souffle mot. Mais une telle déclaration ne manquera pas de donner du grain à moudre à ceux qui accusent le leader du FJD d’être instrumentalisé par les services algériens. D’autres y verront une preuve que les élections sont jouées d’avance et les quotas des uns et des autres sont d’ores et déjà attribuées.
Une chose est sûre, les islamistes iront aux prochaines législatives en rangs dispersés.
Yacine Ouchikh