Algérie. De nouveaux partis pour une façade démocratique
La scène politique algérienne enregistrera bientôt l’arrivée d’une flopée de formations politiques. Et pour cause, le ministère de l’Intérieur et des collectivités locales a donné hier mardi l’autorisation à dix nouveaux partis politiques pour tenir leurs congrès constitutifs.
Il s’agit du Front de la justice et du développement (FJD – El Adala) de Abdellah Djabellah, de l’Union pour la démocratie et la république (UDR) de Amara Benyounes, du Parti de la liberté et la justice (PLJ) de Mohamed Said, du Mouvement des citoyens libres (MCL), du Front national pour la justice sociale (FNJS), du Front de l’Algérie nouvelle (FAN), du Front El Moustakbal (FM), du Parti des Jeunes (PJ), du Parti El Karama (PK) et de Jil Jadid (JJ).
La décision du ministre de l’Intérieur Dahou Ould Kablia est prise au lendemain de la promulgation de la nouvelle loi organique relative aux partis politiques. Il a cependant conditionné la délivrance des agréments à ces partis politiques par la conformité du dossier du congrès constitutif avec les dispositions de cette nouvelle loi.
« Si leur dossier correspond aux dispositions de la nouvelle loi sur les partis, nous les acceptons sans problème et nous agissons pour que le maximum de partis puissent aboutir à l’obtention de cet agrément », a-t-il soutenu.
Une trentaine de dossiers de partis politiques à l’examen
Mais la porte de l’activité politique n’est pas définitivement fermée à ceux qui espéraient décrocher le sésame de Dahou Ould Kablia. Ce dernier a en effet sur son bureau une trentaine de dossiers de création de partis politiques. « Le problème de l’agrément des partis ne se traite pas en quantité, mais en termes de la qualité des dossiers », a-t-il expliqué.
Dahou Ould Kablia a également promis que l’examen de nouveaux dossiers de création de partis politiques « sera engagé avec diligence et tout aussi rapidement au fur et à mesure de leur finalisation par les membres fondateurs, avec lesquels les services du ministère de l’Intérieur demeurent en contact ».
Curieusement, le Front démocratique de l’ancien chef du gouvernement Sid Ahmed Ghozali et le Front du changement national (FCN) de Abdelmadjid Menasra, un dissident du parti islamiste MSP, ne figurent pas sur cette liste du ministère de l’Intérieur. Une sanction ? Possible, notamment pour Sid Ahmed Ghozali qui, ces dernières semaines, a multiplié les déclarations au vitriol contre non seulement le régime de Bouteflika, mais aussi tout le système politique algérien.
Toutefois, cette « ouverture » politique concédée n’est pas indemne de tout calcul. En décidant de lever les restrictions à la création de nouveaux partis politiques, le régime de Bouteflika veut certainement donner un semblant de crédibilité au processus des réformes profondes annoncées en avril de l’année dernière et qui se sont matérialisées par quelques nouveaux textes de lois controversés mais adoptés par le Parlement.
Il caresse aussi l’espoir de voir ces nouveaux venus sur une scène politique forte de 26 partis, pour donner du piquant aux prochaines législatives qui, comme les précédentes élections, risquent d’être boudées par les Algériens.
Yacine Ouchikh