Algérie. Bouteflika s’implique pour la réussite des législatives
Jamais en 13 ans de règne, le président Bouteflika ne s’est aussi lourdement impliqué dans des élections législatives comme il le fait aujourd’hui pour celles du 10 mai prochain.
Et une fois n’est pas coutume, c’est par le biais d’un discours à la Nation, prononcé jeudi le 9 février, que Abdelaziz Bouteflika a convoqué le corps électoral, alors que, par le passé, il s’était contenté de la signature d’un décret.
C’est dire l’importance capitale de la réussite ces élections pour Abdelaziz Bouteflika qui se sait attendu au tournant. De l’issue du prochain scrutin dépend non seulement l’application de la feuille de route qu’il s’est donnée depuis le 21 avril de l’année dernière, mais aussi la survie de son propre régime, voire de tout le système.
Hier jeudi à Arzew (Oran), à l’occasion de la célébration du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures (1971) et de la création de l’UGTA (1956), le chef de l’Etat a prononcé un important discours pour sensibiliser les Algériens sur l’enjeu crucial des prochaines législatives, allant jusqu’à oser un parallèle avec le 1er novembre 54.
Aussi, il a déployé une batterie d’arguments pour amener les Algériens à se rendre massivement aux urnes, n’hésitant pas à jouer sur leur sensibilité concernant toute intervention étrangère dans les affaires internes du pays.
« La crédibilité du pays est en jeu car les regards du monde entier sont braqués sur l’Algérie », a-t-il averti. « Ces élections sont une occasion pour tous ceux qui ne veulent pas d’une intervention étrangère en Algérie », a-t-il insisté.
Le rôle crucial des partis
Sans prendre de gants, il a soutenu, qu’en cas d’échec du prochain scrutin, le pays peut bien faire face à une intervention étrangère. Direct, il a reconnu que l’Algérie traverse une période « sensible tant sur le plan interne qu’externe » qui, à ses yeux, exige de « composer avec ses exigences avec sagesse et sérénité, confiance et optimisme ».
Cet épouvantail d’une intervention étrangère déployé, Bouteflika a fait miroiter aux Algériens la possibilité d’un changement en cas d’une participation massive aux législatives. « Avec ces élections, une ère se ferme et une autre s’ouvre », s’est-il enthousiasmé.
Un fort taux d’abstention n’étant pas à écarter, le président Bouteflika a tout de même pris le soin de souligner que la participation « doit être le souci de tout un chacun » en insistant particulièrement sur le rôle des partis dans la mobilisation des citoyens pour se rendre aux urnes.
« L’administration est tenue de réunir les moyens nécessaires et les conditions idoines, mais il appartient, en premier lieu, aux partis de mobiliser de larges franges du peuple et de gagner les voix des électeurs », a-t-il martelé.
En clair, si déroute électorale il y a, le responsable est d’ores et déjà connu : les partis.
Yacine Ouchikh