Algérie. Bouteflika fait un appel du pied à Hollande

 Algérie. Bouteflika fait un appel du pied à Hollande

Le président algérien Bouteflika lors de son discours ce mardi à Sétif. Photo Farouk Batiche / AFP.


Le président Abdelaziz Bouteflika tend la main au tout nouveau président François Hollande pour bâtir une relation algéro-française apaisée. Depuis Sétif où il a pris part aux commémorations des évènements du 8 mai 1945, le chef de l’Etat algérien a appelé à une « lecture objective » de l’histoire, « loin des guerres des mémoires » et « des enjeux conjoncturels ». (Photo AFP)




 


« Seule une lecture objective de l’histoire, loin des guerres de mémoire et des enjeux conjoncturels, est à même d’aider les deux parties à transcender les séquelles du passé douloureux pour aller vers un avenir où règnent confiance, compréhension, respect mutuel et partenariat bénéfique », a affirmé le président Bouteflika dans un discours prononcé à cette occasion.


« L’Etat algérien indépendant s’est attelé depuis 50 ans, avec un esprit magnanime et une vision prospective, à construire des relations d’amitié et de coopération fructueuse avec les différents pays du monde, à leur tête l’Etat français », a souligné M. Bouteflika avant d’ajouter : « Des relations fondées sur les intérêts communs, partant de sa foi en la nécessité de faire de la mer Méditerranée un espace de paix et de bien commun entre les peuples de la région, et de son aspiration à un ordre international plus équitable, plus solidaire et plus tolérant ».


Dimanche soir, le jour même où François Hollande a été porté à la tête de l’Etat français, le président algérien lui a envoyé un message de félicitations dans lequel il lui a exprimé sa « pleine disponibilité à œuvrer » avec lui «en faveur d’une coopération algéro-française qui soit à la hauteur des potentialités des deux pays et en adéquation avec la dimension humaine de nos relations et du partenariat d’exception que nous ambitionnons de construire».


 


Hollande, l’ami d’Alger


L’Algérie qui a suivi avec intérêt l’élection présidentielle française a pris dès le départ fait et cause pour le candidat socialiste. A tort ou à raison, Hollande est perçu comme l’homme le mieux placé pour donner un saut qualitatif aux relations entre les deux pays souvent empreintes de périodes de crispations.


Ami de l’Algérie, François Hollande est venu à deux reprises en Algérie : en 2006, d’abord, du temps il était premier secrétaire du Parti socialiste. Il avait été alors reçu avec les honneurs d’un chef d’Etat et s’était même entretenu avec le chef de l’Etat algérien. « Je parle au nom du PS et non de celui de la France officielle ; nous devons relancer le processus d’amitié entre nos deux peuples et je réitère ma dénonciation du système colonial et de tout ce que nous avions pu commettre comme méfaits en Algérie », avait-il déclaré.


En 2010, ensuite, en sa qualité de candidat potentiel aux primaires socialistes. A Alger, M. Hollande avait ainsi rencontré nombres de personnalités algériennes, dont le défunt Ahmed Ben Bella.


Mais c’est le choix porté sur l’Algérie comme première station d’un périple international l’ayant mené dans d’autres pays qui est révélateur de l’amour que porte François Hollande pour l’Algérie. Et les Algériens le lui rendent bien puisque la communauté algérienne établie en France s’est mobilisée en masse en faveur de sa candidature.


Si l’Algérie attend de lui un traitement meilleur de ses ressortissants de la part des nouvelles autorités françaises, elle espère aussi que le nouveau président français prendra ses distances avec son prédécesseur sur le dossier de la mémoire en apurant le contentieux historique entre les deux pays.


Question : François Hollande sera-t-il l’homme de la réconciliation algéro-française en ce 50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et pourra-t-il réussir là où a échoué Nicolas Sarkozy? Amen, diront les Algériens.


Yacine Ouchikh