Algérie. Bouteflika appelle lui aussi à la construction d’un Maghreb uni

 Algérie. Bouteflika appelle lui aussi à la construction d’un Maghreb uni

Avec les changements survenus en Tunisie et en Libye


Quelque peu prise de cours par Tunis et Rabat sur le dossier de la relance de l’Union maghrébine, Alger essaie, à son tour, d’épouser l’air du temps en donnant des gages quant à sa bonne volonté d’œuvrer à l’avènement d’un grand ensemble régional.

 


Profitant du 23ème anniversaire de la naissance de l’UMA, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a envoyé, samedi 18 février, un message à tous ses pairs maghrébins pour les sensibiliser sur l’urgence de « la construction d’un Maghreb uni » qui, à l’ère des ensembles régionaux, est, à ses yeux, un « impératif vital ».


« La réalisation de l’unité maghrébine à l’ère des ensembles régionaux et internationaux est un impératif vital et pressant en vue de permettre à nos peuples frères de relever les défis, au sein d’un ensemble soudé et uni », a-t-il écrit avant de réitérer : « Le souci et la volonté de l’Algérie d’œuvrer, de concert avec vous, à la préservation de cet acquis et au développement de ses structures, étant un facteur de développement et un cadre de complémentarité et de concertation politique ».


Avec les changements survenus en Tunisie et en Libye, le président Bouteflika a compris que la donne a fondamentalement changé dans la région. Le temps du raidissement et du recroquevillement est révolu et une nouvelle ère s’ouvre pour les peuples maghrébins.


« L’occasion est sans aucun doute propice à l’actualisation de notre réflexion sur la construction de l’édifice maghrébin, bâti sur une complémentarité économique qui repose sur l’adoption de politiques communes dans tous les domaines », a-t-il souligné.


 


La précaution est de mise à Alger


Toutefois, M. Bouteflika n’a pas fait preuve du même enthousiasme débordant d’un Moncef Marzouki. Vieux briscard, il a invité ses pairs à ne pas aller plus vite que la musique et à adopter la politique des petits pas.  


« Nous sommes tenus dans notre démarche d’œuvrer sur la base d’une approche réaliste et progressive qui prenne en compte les intérêts de nos pays et les ambitions de nos peuples », a-t-il expliqué.  


Une précision : contrairement aux autres dirigeants maghrébins, le président algérien ne semble pas jouer sur du velours. Autrement dit, cette option maghrébine n’est pas partagée par toutes les sphères décisionnelles du pouvoir algérien et Bouteflika est quelque peu obligé de tenir compte de certaines résistances.


Pour preuve, le premier ministre Ahmed Ouyahia a déclaré, samedi 18 février à partir d’Oran, que l’ouverture des frontières algéro-marocaines nécessite d’abord la mise en place de « bases solides et une préparation raisonnable ».


De tels a priori ont certainement refroidi l’enthousiasme de plus d’un, surtout que les déclarations d’Ahmed Ouyahia, même coiffé de la casquette de secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), reflètent souvent la position d’une tendance au sein du pouvoir algérien. 


                                                                                                      Yacine Ouchikh