Algérie. Belkhadem dans l’œil du cyclone

 Algérie. Belkhadem dans l’œil du cyclone

Plus d’une centaine de cadres et militants du parti FLN s’est réunie hier lundi dans le siège du parti pour exiger le départ de Abdelaziz Belkhadem. Photo Fayez Nureldine / AFP.


Les jours de Abdelaziz Belkhadem à la tête du Front de libération nationale semblent bien comptés. Si jusqu’ici, il a réussi à résister à la fronde qui secouait depuis plusieurs mois son parti, le secrétaire général du FLN fait face présentement à une sérieuse menace. (Photo AFP)




 


Fort des paraphes de 220 membres du comité central – dépassant les 2/3 nécessaires à la convocation d’une session extraordinaire, plus de cent cadres et militants se sont réunis hier lundi dans le siège du parti pour exiger le départ de l’actuel secrétaire général.


Le fameux mot d’ordre « dégage » cher aux révolutionnaires tunisiens est repris à leur compte pour les pourfendeurs du patron du FLN. « Belkhadem dégage », clamait une pancarte brandie. « Il a déstabilisé l’establishment. C’est un traître », vitupérait Boudjema Hichour, ancien ministre et un des initiateurs de ce mouvement anti-Belkhadem.


Que reproche-t-on vraiment à Belkhadem ? Avoir confectionné des listes pour les prochaines législatives dans « l’opacité » en intronisant des éléments dépourvus de tout passé militant (c’est le cas de l’ex-femme du prédicateur égyptien Qaradhaoui qui est catapultée à la troisième place sur la liste d’Alger), mais aussi d’avoir permis à certains ministres (Rachid Harrouabia, Tayeb Louh, Amar Tou) de se porter candidats.


Autre grief, politique celui-là, retenu contre Belkhadem : son rapprochement avec les islamistes en prévision des présidentielles de 2014. Les raisons pour monter au front ne manquant pas, les contestataires de la ligne Belkhadem sont décidés à faire avorter les plans de leur secrétaire général au plus vite.


 


Une fronde généralisée


Dans un communiqué lu par un membre du comité central, les contestataires exigent de Belkhadem de convoquer « dans les plus brefs délais » une session extraordinaire pour « sauver le parti et corriger sa trajectoire par l’élection d’une nouvelle direction pour la gestion de ses affaires ». En somme, il est demandé à l’actuel secrétaire général de dresser l’échafaud pour qu’il soit exécuté !


Belkhadem a préféré jouer la montre pour passer le cap des législatives et, dans le cas où son parti sortirait vainqueur, il aurait ainsi entre les mains une carte maîtresse pour se maintenir à son poste.


Mais ses pourfendeurs refusent de lui offrir cette fleur et comptent l’éloigner de la gestion des affaires du parti avant même le début de la campagne électorale, prévue pour le 16 avril. Ils exigent donc la tenue d’une session extraordinaire du comité central sous peine de désigner eux-mêmes, lors d’une réunion qui se tiendra probablement vendredi ou samedi prochain, un directoire politique pour gérer les affaires courantes du parti.


Il faut dire que M. Belkhadem a fait l’unanimité contre lui. Pour preuve, ses adversaires se recrutent dans tous les courants qui traversent le parti. Pour certains, cette fronde presque généralisée contre Belkhadem n’est pas fortuite.


Le communiqué de la présidence de la République publié à la veille du départ de Belkhadem à Marseille pour prendre part au colloque organisé par Marianne et El Khabar sur le 50ème anniversaire de l’indépendance de l’Algérie est perçu comme un lâchage de la part Bouteflika de son homme lige. D’autres, susurrent que le tout puissant DRS soutient les adversaires de l’actuel patron du FLN. D’où cette tonitruante levée de boucliers.


« Je suis lâché », se serait plaint  Belkhadem. Par qui ? Il ne le dit pas. Ironie de l’histoire, il risque de lâcher les rênes du parti comme il se les a accaparées en 2003 : par un coup de force.


Yacine Ouchikh