Algérie. « Alliance de l’Algérie Verte » : Vague islamiste en vue ?
Trois partis islamistes algériens ont décidé d’unir leurs forces pour affronter ensemble les législatives du 10 mai. Après des mois de concertation, le Mouvement pour la société de la paix (MSP), Ennahda et El Islah ont créé officiellement, mercredi 7 mars, « l’Alliance de l’Algérie verte ».
C’est sous la bannière de cette nouvelle entité politique que ces trois partis islamistes comptent s’engager dans la bataille des législatives avec des listes communes et un programme commun. Pour donner plus de solennité à cet événement, les leaders des trois formations, Abou Djerra Soltani, Fethi Rebiai et Hamlaoui Akouchi étaient tous présents à la cérémonie.
Dans son allocution, le coordinateur de l’Alliance, Azeddine Djerafa, a indiqué que ce nouveau venu sur la scène politique « se veut une alliance purement politique algérienne qui s’ajoute à l’expérience démocratique en Algérie », rapporte une dépêche APS.
Une façon de démentir toute relation de cette coalition avec une quelconque partie étrangère surtout qu’un des membres, le MPS se trouve, ces dernières semaines, au centre d’une polémique. Des dirigeants politiques, Louisa Hanoune et Amara Benyounes, entre autres, l’ont accusé ouvertement d’avoir reçu de l’argent de la part du Qatar.
Une alliance qui ne pèse pas lourd
Pourquoi cette alliance et à ce moment précis ? « Les préoccupations du peuple algérien sont d’une importance telle qu’un ou quelques partis à eux seuls ne pourront les prendre en charge », explique M. Djerafa.
Ne désespérant pas de voir les autres partis islamistes s’arrimer à ce nouvel attelage, il a assuré que ce pôle « laisse ses portes ouvertes aux autres partis, eu égard aux exigences et défis de la conjoncture qui nous dépassent ».
Il se trouve que deux poids lourds du courant islamiste, Abdellah Djaballah et Abdelmadjid Menasra, ont refusé catégoriquement d’être de cette aventure.
Tout de même, les artisans de cette « sainte » alliance peuvent savourer l’appui et la bénédiction de l’Association des Ulemas. Son représentant Almi Essaihi s’est félicité de la naissance de cette coalition qui est, à ses yeux, « un pas sur la bonne voie ».
« Il était grand temps pour les acteurs politiques de mettre fin à la discorde, d’unifier leurs positions », s’est-il exclamé avant de souligner : « Ce qui importe pour nous, c’est la conjugaison des efforts de tous en faveur de l’Algérie ».
Avec cette Alliance, les trois partis islamistes veulent à coup sûr provoquer en Algérie la même vague verte qui a balayé les pays de la région. Ce rêve est-il réalisable ? Pas si sûr. Pour trois raison au moins :
– la première est que les trois partis figurant dans cette coalition ne représentent pas grand-chose. Si Ennahda et El Islah ne sont rien d’autres que des coquilles vides, le MSP, lui, a perdu de sa force de frappe à cause de son concubinage de plus de 10 avec le régime.
– la deuxième, c’est que les leaders de l’ex-FIS -le seul parti islamiste à avoir une base large-, du moins le plus emblématiques d’entre eux (Ali Belhadj), sont plutôt favorables au sobre et rugueux leader du Parti pour la justice et le développement (PJD), Abdellah Djabellah qui, lui aussi, a un certain ancrage dans le nord-est algérien. Il est fort à parier que son parti coiffera au poteau tous les autres partis islamistes, surtout qu’il est soupçonné de bénéficier de l’appui de certains cercles du système.
– la troisième, c’est que les décideurs algériens ont pris leur devant pour s’éviter une mauvaise surprise d’un raz-de-marée islamiste en saucissonnant ce courant. Ils seront au moins 5 partis à entrer en lice sous la bannière islamiste.
C’est dire combien la tâche est rude pour les islamistes algériens de rééditer l’exploit de leurs congénères tunisiens et marocains.
Yacine Ouchikh