A Fès, musique, foi et réflexion se croiseront le temps d’un festival

Le festival des musiques sacrées de Fès veut être un espace de rencontre entre artistes et intellectuels en réflexion sur la marche du monde. Le festival débute aujourd’hui et dure jusqu’au 12 juin.

« Sagesse du monde » : voilà l’intitulé retenu pour cette 17e édition du festival qui s’ouvre aujourd’hui à Fès. Comme chaque année, les organisateurs ont voulu mêler, à un même moment et dans un même lieu, la musique, le chant et la réflexion sur les grandes questions du monde d’aujourd’hui. Le cru 2011 n’échappe pas à la règle et se produit en outre dans un climat particulier. Les révolutions arabes touchent toute la région, la guerre fait rage en Libye et la mort de Ben Laden ne signe pas la fin du terrorisme, loin de là. Hasard du calendrier : alors que les promoteurs de l’événement présentaient le programme de l’édition 2011 à Paris, Marrakech était frappé par la terreur. C’était il y a un peu plus d’un mois.

Côté musique, plusieurs célébrités viendront se produire : on attend Ben Harper, Youssou n’Dour, Julia Boutros, Kazem Saher, Maria Bethânia ou encore  Abd Al Malik. On pourra aussi écouter Françoise Atlan ou encore Jean-Claude Carrière qui donnera une lecture de la Conférence des oiseaux, un conte soufi d’Iran en compagnie de Nahal Tajadod. Au total, le festival table sur une programmation très variée composée d’artistes venant de tous les continents.

En marge de la programmation musicale, Fès héberge aussi le Forum de Fès. Lieu de réflexion, cette rencontre se fixe pour ambition d’être « une âme pour la mondialisation ». Faouzi Skali, à la tête du festival, souligne que l’opposition entre orient et occident « nous invite, et de manière urgente, à déverrouiller nos systèmes de pensée, nos habitudes et nos automatismes mentaux, afin de nous rendre attentifs et réceptifs à d’autres sources de sagesse, à d’autres voies, à d’autres paroles. » Et de rappeler que « peu importe que nos ressourcements se nourrissent de philosophies anciennes ou récentes, venues du Nord ou du Sud, d’Orient ou d’Occident, l’essentiel, c’est que, par l’effet de leur rencontre, elles puissent nourrir notre rapport au monde » et laisser émerger « une vraie diversité à la fois exigeante et riche de pensées, de conceptions sociales, de regards portés sur  le monde et sur nous-mêmes. » Pour en parler, de nombreuses personnalités viendront s’exprimer telles que Jacques Attali, Leïla Shahid, Abdou Filali Ansary, Edgar Morin ou encore Driss El Yazami.

 

A savoir. Le festival et le forum de Fès se tiendront du 3 au 12 juin dans différents lieux de la ville, notamment le musée Batha. Si la plupart des spectacles sont payants (de 14 à 56 euros), des concerts gratuits en plein air seront également organisés tous les soirs à Bab Al Makina, Bab Boujloud ou Dar Tazi (notamment Nass el Ghiwan le dimanche 5 juin).

Cyril Bonnel