Nesrine Slaoui revendique sa légitimité dans son roman « Illégitimes » sorti le 6 janvier
Elle est née au Maroc en 1994, arrivée en France très jeune. Journaliste chez Loopsider et France TV. Autrice d’un roman autobiographique «Illégitimes ». Nesrine Slaoui a cessé de se considérer comme illégitime.
Elle est jeune, belle et diplômée, Nesrine Slaoui raconte son parcours de fille d’ouvriers immigrés marocains. Elle passe d’une HLM aux bancs des grandes écoles parisiennes et d’une cité dans le Vaucluse à Sciences Po Paris. Son roman décrit la violence des classes. Une violence ressentie au plus profond d’elle-même. « Je suis un bug dans la matrice. Je suis une miraculée de la reproduction sociale, un accident, une erreur sociologique », écrit Nesrine Slaoui, dans ce premier livre, “Illégitimes”, paru aux éditions Fayard.
Elle y prodigue 3 conseils précieux pour ne plus se sentir illégitime. Premièrement, ne pas renier qui on est. Nesrine avait cru qu’il fallait choisir entre son milieu populaire ou le milieu dit intellectuel et bourgeois.
La journaliste prône l’assimilation des deux cultures
« J’avais l’impression qu’il fallait faire un choix. Et, même, qu’il fallait se trahir pour pouvoir accéder au métier qui m’intéressait.» Depuis sa prime jeunesse, elle voulait devenir journaliste. Désormais, elle refuse de choisir entre la culture populaire dans laquelle elle a grandi et la culture bourgeoise. La journaliste prône l’assimilation des deux.
Deuxième conseil, ne jamais oublier que les discriminations sont profondes et relèvent du système. Le fait d’en parler avec des personnes qui ont suivi le même parcours, subi les mêmes choses, aide à relativiser. En parlant avec des personnes issues de l’immigration ou d’un milieu populaire, Nesrine a su faire la différence entre ce qui est systémique et ce qui relevait des individus.
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Avant cette découverte décisive, son premier réflexe était de se poser des questions sur sa manière de parler et de s’habiller. « Peut-être que je gêne, que je parle beaucoup, que je me mette trop en avant», s’interrogeait-elle sans cesse.
Elle cherchait des personnes qui n’avaient pas renié leurs parents
Troisième conseil, il faut trouver des «gens vraies », pour s’en inspirer. « Les inspirations, je ne les ai pas trouvées à la télévision ni dans les milieux politiques ou médiatiques », révèle-t-elle. Les journalistes issus de l’immigration sont souvent nés dans les milieux bourgeois. Nesrine, elle, est fille d’ouvriers. « Mes parents et mes grands parents sont ouvriers. Ils portent leur condition dans leurs corps ». Son grand-père est arrivé en France alors qu’il ne connaissait pas la langue. « Il travaillait dans les canalisations et avait les mains fripées ».
Dans sa quête de soi, la journaliste cherche des personnes « qui n’avaient pas trahi leur classe, n’avaient pas renié leurs parents, ni dénigré leur milieu social d’origine ni leurs amis d’enfance ».
Les réseaux sociaux aident les gens « qui se ressemblent » à se retrouver. Il ne faut pas hésiter à demander conseil, à s’en inspirer. « Les bienveillants répondront », affirme-t-elle. » On est tellement nombreux à se sentir illégitimes. Au final, on se donne notre propre légitimité». En parlant avec les autres, elle a surmonté ses doutes et ses interrogations. La jeune femme se sent moins seule.
Refusant de courir pour « se faire valider », Nesrine Slaoui s’auto-valide, refusant de correspondre à un modèle. Heureuse de cette identité multiple, elle décide de faire les choses comme elle en a envie. En mélangeant les codes, ce maitre mot. Son roman à la fois intime et inclusif raconte le parcours de plusieurs générations d’immigrés à travers le vécu de son autrice. Une histoire vraie qui réhabilite et légitime la double appartenance ainsi que la double culture.