« Neneh superstar », quand la diversité s’invite à l’Opéra

 « Neneh superstar », quand la diversité s’invite à l’Opéra

Le 25 janvier au Cinéma : « Neneh superstar », du ballet et de la diversité sur la scène de l’Opéra de Paris. Un film de Ramzi Ben Sliman.

C’est l’histoire de Neneh, une danseuse noire bien seule parmi quarante cygnes. Le film raconte le combat précoce d’une fillette qui lutte contre les discriminations à son entrée à l’École de danse de l’Opéra de Paris. Malgré son enthousiasme, elle va devoir redoubler d’efforts pour se faire accepter par la directrice de l’école, Marianne Bellage et par les autres danseuses.

Ce long-métrage signé Ramzi Ben Sliman, Français d’origine tunisienne, met en scène Oumy Bruni Garrel.  La fille adoptive de Louis Garrel et de Valeria Bruni-Tedeschi, qui incarne, pour son premier grand rôle au cinéma, une fillette de 12 ans, Neneh. Elle est admise comme petit rat, malgré l’opposition de la redoutable directrice de l’École Marianne Belage (Maïwenn), qui ne s’en cache pas ; « Je ne crois pas qu’elle soit faite pour cette école, il s’agit de créer une uniformité esthétique pour le corps de ballet », proteste-t-elle face à des professeurs plus bienveillants et un directeur de l’Opéra (Cédric Kahn).

Ça parle de « carnation de peau », de « morphologie noire » et de « protection de nos valeurs », un clin d’œil à des propos de Benjamin Millepied, ex-directeur de la danse (2014-2016), le premier à avoir critiqué ouvertement le manque de diversité à l’Opéra. « J’ai entendu très clairement en arrivant qu’on ne met pas une personne de couleur dans un corps de ballet parce que c’est une distraction », avait-il déclaré.

Ramzi Ben Sliman précise à l’AFP, « il n’y a qu’à l’Opéra qu’il y a ces traditions tricentenaires, ces règles ultrastrictes », affirme le réalisateur, qui avait monté en 2019 un court-métrage pour « La 3e scène » – la scène digitale de l’Opéra.

« Ta tête ne va pas à l’Opéra »

« On ne dénonce pas, on montre au contraire que la danse n’est pas figée. (…) Ce film, c’est une allégorie parfaite de la France d’aujourd’hui et la question qui se pose : « Que fait-on quand on est différent, alors que tout le monde est pareil? », dit-il.

Le film montre également les réticences des proches de Neneh : son père (Steve Tientcheu) la soutient, mais sa mère (Aïssa Maïga) n’est pas convaincue. Elle argumente : (« A son âge, je faisais du judo comme tout le monde »). Ses copines du quartier non plus (« C’est une école de princesses »; « ta tête ne va pas à l’Opéra »).

Face à la pression de la directrice et à la jalousie des autres filles qui vont jusqu’à souiller ses pointes, Neneh craque : (« Pourquoi ne suis-je pas blanche comme tout le monde ? »), demande-t-elle à son père. Le film s’inspire largement de propos réels de danseurs mais aussi, pour le côté technique, de professeurs évoqués par le documentaire « Graines d’étoiles » (diffusé sur Arte).

Actuellement, dans une école sport-études à Paris, la jeune actrice de 14 ans a « tout de suite adoré l’histoire » de Neneh. Ça m’a fait penser à mon histoire à moi. On a subi toutes les deux des choses », confie-t-elle à l’AFP. L’adolescente, qui veut devenir avocate, espère que le film soit un déclic et que la situation pour les danseurs noirs « puisse changer car on en a besoin ».

Neneh Superstar, écrit et réalisé par Ramzi Ben Sliman, est sorti en 2022. Il est présenté en avant-première en compétition officielle au Festival du Film de Demain 2022, avant sa sortie en salles mercredi 25 janvier 2023.

>> Lire aussi :Cap sur Le Festival Les Singulier·es 2023 au CENTQUATRE-Paris