NEET : en 2019, ils étaient 2.7 millions de jeunes, dont 76.4% femmes
Vendredi 29 janvier s’est tenue une rencontre organisée par l’Observatoire national du développement humain (ONDH) en collaboration avec l’Unicef pour annoncer les résultats d’une étude sur les NEET au Maroc (des jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, ni en apprentissage). Des chiffres alarmants.
L’étude de l’ONDH indique qu’en 2019, sur les 6 millions de jeunes de 15 à 24 ans, on dénombre 1.7 millions de jeunes NEET, soit 28.3% environ. Et les filles représentent 75.6% de ces NEET, notamment les jeunes filles rurales. Si on intègre les jeunes âgés jusqu’à 29 ans, le nombre de NEET atteint les 2.7 millions de personnes, dont 76.4% sont des femmes.
Les femmes mises à mal
Le rapport précise que 54.3% de ces jeunes NEET sont des femmes au foyer, en milieu rural à cause des mariages forcés, de l’abandon scolaire et de l’analphabétisme de ces familles. Pour les jeunes filles urbaines, la situation est aussi alarmante d’après cette étude. Même si elles poursuivent des études longues, elles ont énormément de difficultés à trouver un emploi. Et les rares opportunités de travail que certaines d’entre elles saisissent, consistent en des emplois pénibles et faiblement rémunérés.
Lors des entretiens individuels effectués par les chercheurs, les jeunes filles ont déclaré qu’elles ont fait l’objet d’harcèlement sexuel et/ou de violences physiques ou verbales, et vivent dans des conditions vulnérables, voire dramatiques et ce, dans toutes les régions où l’enquête a été réalisée (Casablanca, Fès, Tanger, Oujda, Marrakech). La situation la plus critique concerne les jeunes femmes divorcées ou abandonnées par leurs maris avec des enfants et sans aucune ressource financière, et qui se trouvent forcées à pratiquer la prostitution pour assurer un minimum vital à leurs enfants.
>> Lire aussi : #MazalTefla : le mouvement marocain contre le mariage des mineures
Penchants suicidaires
L’étude fait ressortir aussi chez certains jeunes des penchants suicidaires face à un avenir fermé ou une perspective d’émigration comme bouée de sauvetage à leur détresse. L’étude de l’ONDH ne s’arrête pas à un état des lieux mais propose des solutions pour ces jeunes NEET, notamment :
- Mettre en place une politique de jeunesse avec une garantie jeunesse
- Offrir une « carte jeunesse » sous forme d’un « porte-monnaie digital pour bénéficier d’aides financières directes pour payer les transports publics, le permis de conduire, la formation qualifiante, les stages, etc).
- Proposer un système de formation professionnelle avec des bourses pour un mécanisme stage-alternance en entreprise dès l’âge de 15 ans pour lutter contre le décrochage précoce
- Agir efficacement sur la santé mentale et physique de ces jeunes à travers des centres médicaux de proximité.
>> Lire aussi : Une jeunesse qui mérite qu’on s’occupe d’elle !
L’étude
Le rapport s’est basé sur les conclusions de l’enquête effectuée par l’ONDH sur un panel représentatif de jeunes, mais aussi les travaux d’une équipe de chercheurs du laboratoire « Médiations. Science des lieux, science des liens » de l’Université de la Sorbonne, sous la direction de David Goeury, enseignant-chercheur de cette université. Cette équipe de chercheurs s’est adjointe les ressources humaines de l’initiative « Moustaqil » (Indépendant) qui est une association de jeunes pour les jeunes en vue de lutter, entre autres, contre le phénomène des NEET.
>> Lire aussi : Quand la Jeunesse s’éveillera, l’Afrique tremblera