Naufragés en Méditerranée : la volonté politique européenne en question
De retour pour porter secours aux naufragés en Méditerranée, l’Ocean Viking fait déjà face à des difficultés pour débarquer les rescapés.
Bloqués
180 rescapés à bord de l’Ocean Viking, dont une femme enceinte et 25 mineurs. Ils sont bloqués en mer dans l’attente de l’assignation d’un port sûr de débarquement. Le 22 juin dernier, le navire affrété par l’ONG SOS Méditerranée reprenait la mer après trois mois à quai. Trois jours plus tard, l’équipage réalisait un premier sauvetage de naufragés en Méditerranée. Puis un second, le 29 juin. Mais, hier (2 juillet), SOS Méditerranée ne pouvait toujours pas débarquer les rescapés. « Les deux premiers sauvetages ont eu lieu il y a une semaine aujourd’hui. Nous avons envoyé cinq demandes aux autorités maritimes italiennes et maltaises » regrettait Frédéric Penard, directeur des opérations de SOS Méditerranée.
Accord de Malte ?
Avec la crise liée au Covid-19, dès les 7 et 8 avril, l’Italie et Malte déclaraient leurs ports « non sûrs », légitimant ainsi tout refus de débarquement de naufragés en Méditerranée. Les missions de sauvetage et les difficultés de débarquement restent les mêmes. Pourtant, en septembre dernier, l’Allemagne, la France, Malte et l’Italie trouvaient un pré-accord pour la mise en place d’un système de répartition automatique des migrants débarquant à Malte ou en Italie. Christophe Castaner, ministre de l’Intérieur, a précisé que l’accord était « temporaire sur une zone réduite qui est la Méditerranée centrale ». Espoir de courte durée puisque, le 8 octobre, seuls 10 États de l’UE sur 28 soutenaient cette proposition d’accord.
Tensions
Alors que les membres de l’UE n’arrivent toujours pas à un accord, la situation en mer Méditerranée reste très compliquée. SOS Méditerranée rapporte des tensions à bord, des survivants désespérés « menaçant de sauter par-dessus bord ». Pour les rescapés, cette nouvelle attente en pleine mer vient s’ajouter à un calvaire vécu en Libye. « D’innombrables personnes nous ont raconté avoir tenté de fuir la Libye à plusieurs reprises, avoir été interceptées par les garde-côtes libyens en mer et avoir été ramenées en détention » selon l’ONG. Cette dernière en appelle une nouvelle fois à la solidarité des États de l’Union européenne pour ces rescapés. Mais exhorte également l’Europe à trouver une solution coordonnée pour les futures relocalisations de migrants.