Naufrage dans la Manche : un traité réclamé, les passeurs incriminés

 Naufrage dans la Manche : un traité réclamé, les passeurs incriminés

Des pompiers, un officier de police et un médecin du SAMU se tiennent à côté des corps des migrants décédés après le naufrage de leur bateau au large de Boulogne-sur-Mer le 3 septembre 2024. Photo par Denis Charlet / AFP

Au large de Boulogne-sur-Mer, une embarcation clandestine a fait naufrage hier (3 septembre), causant douze morts. Suite à ce drame, Gérald Darmanin réclame un traité entre l’UE et le Royaume-Uni.

 

« Je crois que ce sera le rôle du prochain ministre de l’Intérieur de négocier, ce que nous demandons et ce qui a été demandé par le président de la République à Boris Johnson il y a plus de deux ans, un traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l’Union européenne », indiquait hier (3 septembre) Gérald Darmanin, suite à ce nouveau naufrage d’une embarcation transportant 70 personnes, au large de Boulogne-sur-Mer.

Dépêché sur les lieux, le ministre de l’Intérieur démissionnaire confirmait le triste bilan faisant état de douze personnes mortes, ainsi que deux disparues. Pour lui, la fin de ces tragédies passe par le rétablissement « des conditions migratoires classiques avec la Grande-Bretagne ».

Gérald Darmanin à Boulogne-sur-Mer le 3 septembre 2024, après le naufrage du bateau de migrants.

Politique migratoire en cause ?

Douze victimes, dix femmes et deux hommes, dont la moitié étaient mineures. Des personnes qui « vont en Grande-Bretagne pour rejoindre une famille, pour y travailler parfois dans des conditions qui ne sont pas acceptables en France », relève Gérald Darmanin.

Le ministre démissionnaire pointe l’absence de « politique d’immigration commune avec l’UE ». Pour lui, la Grande-Bretagne attire des candidats à l’asile qui « savent qu’ils sont sans doute non expulsables du territoire britannique ».

C’est pourquoi Gérald Darmanin insiste sur un traité permettant « un lien de causalité entre les demandes d’asile et l’acceptation de l’asile en Grande-Bretagne ».

 

Passeurs, coupables idéaux ?

Le ministre de l’Intérieur français n’a pas manqué de désigner les passeurs comme étant également responsables de ces tragédies.

Dans un communiqué, son homologue britannique, Yvette Cooper, est allée dans le même sens, déclarant que « le travail de démantèlement de ces gangs de contrebandiers dangereux et criminels et de renforcement de la sécurité des frontières est vital et doit avancer rapidement ».

Le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras, a annoncé l’ouverture d’une enquête pour « aide d’étrangers en situation irrégulière », « association de malfaiteurs en bande organisée » et « homicide involontaire aggravé ».

Pour l’association Utopia 56, le gouvernement français ne peut pas être exempt de toute responsabilité dans la répétition de ces drames.

« Par leur arrogance, leur incompétence et leur violence, le ministère de l’Intérieur et Gérald Darmanin doivent impérativement être tenus pour responsables », fustigeait l’association, hier sur X.

Avant ce naufrage, 25 personnes avaient perdu la vie dans ces traversées depuis janvier.