Narcotrafic : une proposition de loi condamnée à l’échec ?

 Narcotrafic : une proposition de loi condamnée à l’échec ?

Photo : Anne-Christine POUJOULAT / AFP

Dans une analyse de la proposition de loi sur le « narcotrafic », le Collectif pour une nouvelle politique des drogues (CNPD) craint l’échec du « tout répressif ».

Le CNPD pointe « l’approche partiale de ce texte qui ignore à la fois les facteurs qui favorisent les trafics et les questions sociales et sanitaires plus larges posées par la question des drogues ».

Hier (9 avril), la veille de l’examen de la proposition de loi visant « à sortir la France du piège du narcotrafic » par la commission mixte paritaire du Parlement, le CNPD s’est montré pessimiste quant à l’efficacité de ce texte.

Le collectif, composé notamment d’organisations d’usagers, de magistrats ou encore de professionnels de l’addictologie, publiait une analyse (PDF) concluant que « l’approche répressive de la proposition de la loi la condamne à l’échec ». 

« Causes profondes »

« La proposition de loi refuse d’examiner les causes profondes de ces phénomènes et ignore les réalités socio-économiques qui conduisent certains individus vers des activités de trafic », indique le collectif dans son analyse (PDF).

Pour les différentes associations, en axant sa stratégie plus sur les consommateurs que sur le démantèlement des réseaux criminels, le gouvernement se trompe de priorité.

D’énormes moyens sont consacrés à cette stratégie de répression et, avec cette proposition de loi, le CNPD craint de « graves atteintes aux libertés fondamentales ».

Notamment avec le retour d’un régime carcéral « haute sécurité », pourtant abandonné depuis 1982 en France, supprimé par Robert Badinter qui les considérait comme inhumains.

La criminalité organisée ciblée

La semaine dernière (1er avril), l’Assemblée nationale adoptait la proposition de loi, avec plusieurs nouveautés.

Parmi elles, l’instauration d’un parquet national anticriminalité organisée, dans un article qualifié d’essentiel par Gérald Darmanin.

De plus, le garde des Sceaux avait ajouté l’article quinquies visant à créer des « quartiers de lutte contre la criminalité organisée » dans deux prisons de haute sécurité.

L’objectif étant de « rompre le lien avec les réseaux de la criminalité et de la délinquance organisées ». 

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