Prix des Musiques d’Ici : « La culture française représente par essence la diversité »
La France regorge d’artistes en herbe issus d’une diaspora aux cultures foisonnantes. C’est pour leur donner une chance de révéler leur talent et célébrer l’atout formidable que représente une si grande richesse culturelle que Le Prix des Musiques d’Ici a vu le jour. Entretien avec Cécile Rata, coordinatrice du Prix, pour le lancement de sa 4ème édition.
Quel est le concept du Prix des Musiques d’Ici ?
Le Prix des Musiques d’Ici, ou Diaspora Music Awards, a été créé pour mettre en avant les musiques des artistes de la diaspora. Ce concept recouvre à la fois d’une approche artistique mais aussi politique et sociétale. Le dispositif rassemble et mobilise chaque année une quarantaine de professionnels du secteur musical (producteurs, diffuseurs, médias, institutions, artistes) et des chercheurs qui unissent leurs efforts pour choisir et accompagner des formations musicales qui font les musiques d’aujourd’hui dans notre pays.
Chaque année depuis trois ans, 6 groupes finalistes sont retenus sur appel à candidature et bénéficient alors d’une visibilité médiatique. Ils doivent, entre autres, être implantés sur le territoire français (métropole et Dom-Tom) et disposer d’un répertoire artistique original, en lien ou en revisitant celui de la culture source. Les 3 groupes lauréats, eux, bénéficient pendant un an d’un accompagnement artistique, professionnel et pédagogique adapté.
D'où est née l'idée de ce prix ?
Le Prix des Musiques d’Ici est né à l’initiative du festival Villes des Musiques du Monde, un festival installé en Seine-Saint-Denis et Paris depuis plus de vingt ans, qui invite chaque année des artistes des quatre coins du monde, mais également des artistes basés en banlieue parisienne, souvent issus de l’immigration.
Nous sommes partis du constat que la plupart de ces musiques issues de nos diasporas a une grande valeur artistique, qui échappe trop souvent au droit commun de la culture, aux radars des lieux institués et des canaux médiatiques. L’idée du prix est née de la volonté de mettre en avant toute cette richesse artistique et musicale que comporte la France, grâce à sa diversité culturelle.
De quelles régions du monde sont originaires les candidats ?
Les candidats sont tous installés en France et proviennent de toutes les régions. Ils réinventent ici les musiques du monde aux côtés d'autres artistes rencontrés aux quatre coins de leurs régions d'adoption. Cela nous permet de retracer des parcours migratoires riches qui en disent long sur l'histoire mondiale de notre pays et sur les ramifications nouvelles créées dans la sphère musicale.
En quoi la diversité culturelle peut-elle être un atout pour la France ?
La diversité culturelle est une force, car chaque culture véhicule une richesse, un art, une religion, une population, et rompt les barrières identitaires. C’est cette croisée de points de vue, de rencontres, de découvertes, d’échanges, qui font que le pays grandit et se construit de toutes ces richesses.
La peur de l’autre, le repli identitaire, la discrimination, la xénophobie sous toutes ses formes sont les maux qui naissent la plupart du temps d’une méconnaissance des cultures de l’autre. Or, ces cultures font partie intégrante de la culture française qui représente par essence la diversité.
La diversité est génératrice de créativité, primordiale pour palier les blessures vives du sectarisme et de l’essentialisme idéologique.
Quel impact le confinement a t-il eu sur l’organisation du prix ?
Le confinement nous a obligés à annuler plusieurs dates de concerts prévues pour les artistes lauréats, notamment celles prévues pendant les festivals d’été. Cependant nous avons pu lancer l’appel à candidature ce mois d’avril pour la prochaine session, et nous espérons que d’ici le mois de novembre 2020, date de la présentation des nouveaux finalistes, dans le cadre de la prochaine édition du Festival Villes des Musiques du Monde, il nous sera permis d’organiser les concerts et de lancer l’accompagnement des lauréats 2020.