Nawel Ben Kraïem en concert ce mercredi 30 mai à Paris
Nawel Ben Kraïem a grandi à Tunis. A 16 ans, elle débarque à Paris. Trois ans plus tard, elle chante dans son premier groupe. Depuis, elle a assuré beaucoup de premières parties, comme celle du groupe toulousain Zebda, mais aussi celle du chanteur français Slimane. Elle vient de sortir un premier album solo qu'elle présente un peu partout en France. Ce mercredi 30 mai à 20h30, on l'a retrouvera seule en concert au théâtre Les Étoiles à Paris.
LCDL : Comment êtes-vous arrivée à la chanson ?
Nawel Ben Kraïem : J'ai toujours eu besoin d’espaces créatifs et j'ai toujours eu envie de me retrouver sur scène. Quand je vivais en Tunisie, je faisais beaucoup de théâtre. Adolescente, je jouais de la guitare. Je m'entrainais sur des reprises de Lauryn Hill, de Ben Harper ou encore de Joan Baez. A mon arrivée en France, j'ai continué le théâtre, puis j'ai cherché en parallèle à monter un groupe de musique. Au final, la chanson a pris plus de place dans mon parcours parce qu'elle réunit plusieurs choses que j’aime : écrire, monter sur scène, interpréter et transmettre des émotions. Et puis, il n'y a que quand je chante, que je m'abandonne totalement.
Vos chansons sont "engagées". Certains artistes choisissent des textes plus légers. Pas vous. Pourquoi ?
Je pars souvent de choses qui me touchent intimement. Nos réflexions personnelles, nos émotions, nos colères ou nos souffrances ne sont pas sans lien avec le monde qui nous entoure. Je les partage donc sur scène. Pour moi, même chanter une chanson d’amour est une forme d'engagement parce qu'on livre une part intime de soi à un collectif.
Quelles sont vos influences musicales ?
Elles sont multiples et très diverses. Elles vont de la folk, en passant par le hip-hop, la pop, le rai ou encore le rock anglais… Je suis scotchée par le groove de Lauryn Hill, éblouie par l’instinct de Janis Joplin, éprise de la "radicalité" de PJ. Harvey, enchantée par le lyrisme de Majda El Roumi, conquise par la plume acérée de Casey…
Vous êtes à la fois française et tunisienne. Quel regard portez-vous sur vos deux pays ?
J'ai la chance de pouvoir voyager entre ces deux pays. J'ai besoin de la France et de la Tunisie pour mon équilibre. Je les aime tous les deux, même si je porte un regard particulièrement affectueux pour la Tunisie. Et c'est normal : il est celui qui a été le plus dominé et mis à mal par l’histoire. Après sa révolution, la Tunisie continue de se battre. Dans mes deux pays, mon combat est le même : celui de protéger la liberté des minorités qui font souvent selon moi la richesse d’un pays.
Propos recueillis par Nadir Dendoune