Le chanteur kabyle Zedek Mouloud au Zénith de Paris le 12 janvier

 Le chanteur kabyle Zedek Mouloud au Zénith de Paris le 12 janvier


Dans un mois, pour la première fois de sa vie, le 12 janvier 2020, à l’occasion du  Nouvel An berbère,  « Yennayer », le chanteur kabyle Zedek Mouloud, 59 ans, va se produire sur la scène du Zénith à Paris. Rencontre avec cet artiste engagé qui a débuté sa carrière il y a 38 ans. 


Le 12 janvier, vous serez sur la scène du Zénith à Paris…


Oui et j’en suis très heureux. C’est la première fois que je vais chanter dans cette salle. C’est un rêve qui se réalise. Le Zénith est une salle mythique pour les artistes kabyles. Beaucoup d’entre eux s’y sont produits, comme Ait Menguellet, Idir, ou Matoub Lounes, qui lui a fait 3 Zénith….J’ai hâte d’y être. Nous allons fêter le Nouvel An berbère tous ensemble. J’ai sorti un album le 23 novembre dernier. Ce concert au Zénith sera l’occasion d’en présenter quelques unes au public. Mais je vais être obligé de chanter les « anciennes », les « incontournables », celles que le public réclame à chaque concert….


Qu’est-ce que vous a donné envie de chanter ?


Gamin, j’écrivains des poèmes. Et la chanson est venue tout naturellement. A l’époque, quand j’ai commencé à chanter en 1983, c’était très mal vu. J’ai brisé ce tabou. Et je ne regrette pas d’avoir osé. Je suis quelqu’un d’engagé et la chanson me permet d’exprimer ce que je ressens. Je chante pour la liberté, pour les Droits de l’Homme et pour la cause amazighe.


Justement, pensez-vous qu’il y a eu quelques avancées pour la cause amazighe ? 


C’est indéniable : il y a eu quelques avancées mais le chemin est encore long vers une totale reconnaissance de la langue et de la culture amazighe, pas seulement en Algérie, mais aussi dans toute l’Afrique du Nord. On est encore loin du compte. 


Comment jugez-vous la jeune génération des chanteurs kabyles ? 


Je dirais qu’ils ont pris une autre direction. Nous, les « anciens », nous aimions les chansons à texte, les chansons poétiques, engagées. Nos chansons dénoncent le système, nous n'avons pas peur de prendre partie. A part de rares exceptions, on va dire que la nouvelle vague des chanteurs kabyles se concentrent uniquement sur le rythme. Leur concert est un spectacle pour se défouler, pas pour apprendre des choses ! La chanson à texte kabyle commence à disparaitre et je trouve cela bien dommage. C’est aussi une raison pourquoi on se bat pour que la langue kabyle soit étudiée à l’école en Algérie pour qu’elle continue à vivre. 


Quels sont vos influences musicales ? 


Slimane Azem, le père de la chanson engagée nord africaine, mais aussi Cheikh El Hasnaoui, Idir, Ait Menguellet et bien entendu mon grand ami, le regretté Matoub Lounes. 


Justement, qu’aurait pensé Matoub Lounes des événements qui secouent actuellement l’Algérie ? 


Je ne peux pas parler à sa place, mais certainement il aurait été heureux de voir tout ce peuple s’unir contre ce système.  Matoub a beaucoup chanté sur la liberté, sur les droits de l’homme, contre la corruption des dirigeants algériens. Matoub me manque, il manque à toute l’Algérie, surtout en ce moment. 


Quels sont vos prochains projets ? 


J’ai une tournée au Canada qui arrive. Je serai à Montréal le 14 mars 2020. Je continuerai à me produire un peu partout en France. Et puis, j’espère pouvoir faire quelques spectacles en Kabylie dans les prochains mois. Mais bon, vous savez aussi bien que moi, que chanter en Algérie, ça ne dépend pas que de moi….