DJ Missy Ness, la globe mixeuse
Elle programme des artistes novateurs issus des scènes underground du Moyen-Orient, du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest, de l’Est… Parisienne d’origine tunisienne, DJ Missy Ness organise aussi des soirées-concerts, In Transit, hommage musical et festif à la migration.
Sa playlist du moment ? Du hip-hop égyptien, soudanais, brésilien, de l’électro sénégalaise, de la drum’n’bass palestinienne, libanaise… Missy Ness cultive l’éclectisme des genres et des cultures avec une prédilection pour les musiques urbaines. Ses pépites musicales, elle va les chercher directement à la source, en parcourant les scènes alternatives du monde à la rencontre d’artistes émergents ou confirmés. Une approche de terrain, en profondeur, pour être en prise directe avec l’actualité de ces mouvements, et comprendre comment ils s’inscrivent dans leur contexte social, politique, culturel.
La curiosité, c’est la principale qualité que doit avoir un DJ selon elle. “Je visite les pays à travers leurs scènes musicales, leurs jeunesses. Je questionne les artistes sur leur histoire, leur propos musical. Je m’imprègne de leur univers. C’est presque un travail de journaliste. Ainsi, je capte la portée symbolique, politique, sociale de leur art. Ce en quoi ils sont l’empreinte de leur génération, en continuité ou en rupture avec leur pays.”
Courants musicaux peu connus
C’est dans la fièvre des soirées drum’n’bass parisiennes, au début des années 2000, qu’elle attrape le virus des platines, à 16 ans. Peu à peu, elle accomplit son rêve, brave les difficultés, forte de son amour pour la musique et de sa détermination à toute épreuve. Et prouve qu’être DJ est un métier, contrairement à ce que beaucoup lui opposaient. Elle se passionne pour la promotion des courants musicaux peu connus en France. “Je veux partager avec le public de l’Hexagone ce que les gens ressentent ailleurs. Ouvrir des espaces moins cloisonnés, les intéresser à d’autres cultures.”
Parmi les souvenirs marquants de sa jeune carrière, elle retient son premier mix à Ramallah. “Certains rêvent de mixer à Los Angeles, moi c’était en Palestine ! C’était très intense. Je focalisais sur leur production musicale depuis des années. Mes rappeurs préférés sont de là-bas.” Elle s’enthousiasme aussi pour la générosité et l’énergie du public en Egypte, “haut pays de musique, c’est viscéral chez eux ! Il y a une transe du même ordre que la mystique soufie.”
Concerts gratuits la journée
Missy Ness n’est pas seulement un oiseau de nuit. Pas le genre à se lever l’après-midi comme de nombreux DJ. Car, la journée, elle organise des concerts gratuits : les soirées In Transit. En hommage à la migration, “car le monde est construit par le mouvement des humains”, ces événements sont ouverts à tous, et notamment aux personnes réfugiées, exilées. Une démarche subtile pour rassembler les publics, ne pas isoler encore les migrants des autres citoyens, et les considérer au-delà de leur statut politique.
“Pas question d’appeler ce projet ‘Soirées pour Réfugiés’. Derrière le mot ‘réfugié’, il y a un humain, une personne avec une histoire. Arrêtons de les réduire à cette étiquette juridique, administrative. Nos concerts invitent des personnes de tous horizons, âges, origines, professions… à se rencontrer.” Et chacun vibre à la même enseigne.
Prochains concerts :
22 Juin : Palest’In & Out #3 à l’Institut des Cultures d'Islam, Paris, France
5 Juillet : Festival Timitar, Agadir, Maroc
15 Juillet : Les Suds à Arles
Voir aussi :
DJ Sama' : "Danser transforme la violence en énergie positive"