Municipales 2020 : Les quartiers populaires changent de logiciel
S’il y a un grand gagnant lors de ces municipales, c’est bien l’abstention. 6 électeurs sur 10 ne se sont pas rendus aux urnes. Les quartiers populaires n’échappent pas à la tendance nationale. Si les Verts font une percée relative dans les quartiers périurbains, les communistes ont perdu leur bastion fétiche : Saint-Denis.
Le désaveu pour la politique que l’on observe au niveau national est encore plus marqué dans les quartiers populaires. Lors des municipales du 28 juin 2020, on atteint les 67% à Aulnay-sous-Bois. Les chiffres caracolent à 71% dans le 15ème arrondissement de Marseille, 75% d’abstention à Sevran et à Vaux-en-Velin ou Villeurbanne et même 77,25% à Roubaix dans le Nord. Les causes sont multiples : crainte du coronavirus, crise institutionnelle ou désintérêt pour un second tour trop éloigné du premier.
Au niveau national; les Verts (et leurs alliés de gauche) ont fait un carton dans plusieurs grandes villes comme Strasbourg, Lyon, Tours, Besançon, Poitiers ou l’emblématique Bordeaux. La vague verte permet tout de même de remporter les villes populaires tels que Schilitigheim ou Bègles, l’ancien bastion de Noël Mamère. Dans la région parisienne, on notera la victoire à Arcueil dans le Val-de-Marne, celle de Colombes et enfin Savigny-sur Orge.
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La banlieue rouge en passe de disparition
Pour les municipales de 2020, les communistes avaient beaucoup à perdre, notamment dans les villes périrurbaines. Le résultat est en demi-teinte.
Le parti communiste conserve dans le 93 : Montreuil, Gonesse, La Courneuve et Stains dirigé par Azzédine Taïbi. Mais, ils perdent l’un de leurs bastions historiques, Saint-Denis. Le socialiste Mathieu Hanotin remporte la mairie face au communiste Laurent Russier. Autre choc, la perte de l’emblématique Aubervilliers du fait de la division de la gauche ! La communiste Mériem Derkaoui perd son fauteuil et arrive en 3ème position au profit de l’UDI, Karine Franclet. Plus marquant, est le département « rouge » du Val-de-Marne, où 4 villes (Valenton, Choisy-le-Roi, Champigny-sur-Marne et Villeneuve-Saint-Georges) passent à la droite. Dans le dernier département, le PCF arrive à conserver Ivry-sur-Seine et surtout reprendre Villejuif après un mandat de droite.
Des maires de banlieue aux consonances maghrébines
L’autre enseignement de ces élections est l’apparition de plusieurs candidats français d’origine maghrébine au poste de premier édile. Ainsi, le communiste Abdel Sadi reprend ce bastion historique des mains de la droite. Au faveur d’une triangulaire, Karim Bouamrane du parti socialiste devient maire de Saint-Ouen.
Dans le Val-d’Oise, Abdelaziz Hamida, qui s’est présenté sur une liste citoyenne remporte la ville de Goussainville. Plus à l’est de la région parisienne, Nessrine Menhaouara remporte la ville de Bezons face au communiste Dominique Lesparre. Ali Rabeh (Générations) est élu à Trappes sur une liste divers gauche. De son côté, Samia Ghali conserve le 15ème et 16ème arrondissement de Marseille.
De nombreux candidats comme Rachida Dati à Paris, Karim Amrouni à Roubaix et Nordine Gasmi à Vaulx-en-Velin n’ont pas réussi leurs paris. Toutefois, cela apporte un signe fort lors de ces municipales pour les partis qui n’ont plus « peur » de présenter des candidats aux origines maghrébines.
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Le Rassemblement National perd des villes
Le parti de Marine Le Pen peut évoquer le gain de la ville de Perpignan dirigée dorénavant par Louis Alliot. Toutefois, 2 symboles forts sont à retenir de ces élections municipales. Dans le 14ème arrondissement de Marseille, c’est Dominique Galtier (LR) qui remporte la mairie face à Stéphane Ravier, ancien maire et sénateur RN (ex FN). Preuve que même avec une abstention forte (71%), le parti d’extrême-droite n’a pas réussi à mobiliser ses militants lors des élections municipales
Autre perte emblématique en région parisienne ! Après un mandat, le Rassemblement National n’a pas réussi à conserver sa seule ville de la banlieue parisienne, Mantes-La-Ville. C’est le divers centre Sami Damergy qui l’emporte face à Cyril Nauth.
LREM face au dilemme des municipales
Hier, sur les plateaux Tv, Stanislas Guérini et Sibeth Ndiaye étaient en service minimum. En effet, le parti présidentiel, LREM se prend une véritable « claque ». Tous ses personnalités (Agnès Buzyn, Mounir Mahjoubi ou Gaspard Gantzer) ont été balayées. Emmanuel Macron qui rêvait d’ancrer son parti dans les territoires perd complètement son pari. Le parti, qui souhaitait faire naitre de « nouvelles vocations » dans les banlieues n’a visiblement pas convaincu.
La stratégie d’alliance entre LREM et LR dans plusieurs villes a marqué la perte de la « jambe gauche » du parti centriste. En effet, à l’exception notoire de la ville du Havre remporté par le premier ministre, toutes les tentatives se sont soldées par un échec à Lyon, Marseille ou Strasbourg. Le parti devrait d’ailleurs le payer cher aux prochaines sénatoriales de l’automne.
Les citoyens et le PS reprennent des couleurs
Ces élections municipales permettent aussi de faire venir sur le devant de la scène des listes citoyennes qui ont permis de renouveler la façon de faire de la politique. Marseille en est l’illustration parfaite avec Michèle Rubirola (ex EELV) qui à la tête du Printemps Citoyen a permis de faire basculer la ville à gauche. La gauche met aussi la main sur Corbeil-Essonnes, la ville fétiche de la famille Dassault.
L’autre enseignement est aussi les bonnes nouvelles pour le Parti Socialiste. Martine Aubry a résisté à Lille et Michaël Delafosse a remporté la ville de Montpellier. Même Dijon, où des incidents ont lieu il y a peu, a été remportée par François Rebsamen. Le PS reprend aussi un certain nombre de villes de la banlieue parisienne dont la symbolique Saint-Denis. Si le parti perd Bondy au profit des Républicains, le PS conserve la ville de Cergy et surtout Sarcelles. Le maire sortant Patrick Haddad (PS) l’emporte face au député et ancien maire pendant 20 ans, François Pupponi.
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