Mort d’une migrante à la frontière franco-italienne : un nouveau témoignage conteste la version des gendarmes

 Mort d’une migrante à la frontière franco-italienne : un nouveau témoignage conteste la version des gendarmes

L’équipe de Border Forensics recueillant le témoignage de Hervé (prénom modifié), l’un des compagnons de route de Blessing Matthew, qui avait assisté à « la course poursuite des gendarmes » et la noyade de la jeune Nigériane. Impression d’écran / Border Forensics

Un nouveau témoignage, incriminant des gendarmes, pourrait conduire à la réouverture de l’enquête sur la mort d’une migrante à la frontière franco-italienne en 2022.

 

Malgré deux non-lieux prononcés par la justice, l’enquête sur la mort de Blessing Matthew, migrante d’origine nigériane de 21 ans, pourrait être rouverte. En mai 2018, cette dernière a été retrouvée morte noyée dans la Durance, à la frontière franco-italienne (Alpes), après un contrôle de gendarmerie.

Mais hier (30 mai), à la lumière d’un nouveau témoignage incriminant les gendarmes, l’association Tous Migrants et la sœur de la victime, ont demandé la réouverture de l’enquête. Jusqu’ici, selon la version des gendarmes, ceux-ci n’avaient pas vu la victime tomber à l’eau lors de la tentative d’interpellation.

 

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Contradictions

Selon l’avocat de la sœur de la victime, le nouveau témoin, présent au moment des faits mais muet jusqu’ici par crainte d’être arrêté, indique qu’il y a eu une course poursuite et que les gendarmes ont bien vu la jeune femme tomber à l’eau.

Interrogée par France info, Sarah Bachelière, chercheuse pour l’association Border Forensics, a relevé des incohérences après analyse des procès-verbaux des 11 gendarmes. « Au lieu d’avoir relevé ces contradictions dans le cadre d’une enquête de police judiciaire, les conclusions de l’enquête disent que les témoignages des gendarmes convergent, qu’ils sont précis et cohérents, qu’il n’y a pas de flou » précise la chercheuse.

 

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Invisibilisation

Border Forensics a relevé que, depuis 2015, 46 migrants sont morts à la frontière franco-italienne. « De Calais, en passant par Vintimille, Bayonne, jusqu’à Briançon, nous faisons face à une politique répressive, indigne et irresponsable (…) la réalité de cette situation est que l’Etat invisibilise consciemment dans la plus grande inhumanité » constatait amèrement, en novembre dernier, les associations luttant pour un meilleur accueil des migrants ayant franchi la frontière franco-italienne.

Elles réclamaient une nouvelle fois « un véritable espace de dialogue » avec les pouvoirs publics ainsi que la mise en place d’un système d’accueil d’urgence digne.

 

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