60 millions de déplacés et de réfugiés en 2014 : un record historique

 60 millions de déplacés et de réfugiés en 2014 : un record historique

14 conflits ont éclaté ou repris ces dernières années provoquant des mouvements de déplacés sans précédent. Ici des rescapés du conflit libyen dans le sud tunisien. Rached Cherif/LCDA


Le nombre de déplacés et de réfugiés suite aux multiples conflits dans le monde a atteint le niveau record de 60 millions de personnes en 2014, dont une moitié d’enfants, selon le rapport annuel du HCR qui se déclare de plus en plus dépassé devant ce drame. En parallèle, 2014 est l’année durant laquelle le nombre de personnes qui sont rentrées dans leur région est le plus faible depuis des décennies.


 


« Accélération saisissante »


Le Haut-Commissariat pour les réfugiés des Nations unies constate une « accélération saisissante » du nombre de personnes forcées à fuir, « avec 59,5 millions de déracinés à la fin 2014 en comparaison des 51,2 millions de l'année précédente ». Il y a une décennie, leur nombre était de 37,5 millions, rappelle le HCR.


L'augmentation depuis 2013 est la plus importante jamais enregistrée en une seule année, selon l'agence de l'ONU. En 2014, chaque jour 42 500 personnes sont devenues des réfugiés, des déplacés internes ou des demandeurs d'asile, constate le rapport. « Nous ne sommes plus capables de ramasser les morceaux », a souligné le Haut-Commissaire aux réfugiés Antonio Guterres, insistant sur l'impuissance des agences humanitaires. « Nous attendons un pic du nombre de déplacés et réfugiés pour la fin de l'année », a encore prévenu M. Guterres.


 


14 conflits sur trois continents


Cette hausse majeure survient depuis 2011 avec le conflit syrien qui génère désormais le plus important déplacement de population jamais enregistré dans le monde. Le HCR dénombre ces cinq dernières années au moins 14 conflits qui ont éclaté ou repris : huit en Afrique (Côte d'Ivoire, République centrafricaine, Libye, Mali, nord du Nigeria, République démocratique du Congo, Soudan du sud et cette année Burundi), trois au Moyen Orient (Syrie, Irak, Yémen), trois en Asie (Kirghizstan, Birmanie et du Pakistan) et un en Europe (Ukraine).


Les trois pays dont la population est la plus affectée sont la Syrie (7,6 millions de déplacés internes et 3,88 millions de réfugiés fin 2014), l'Afghanistan (au total 2,59 millions de personnes) et la Somalie (1,1 million). En 2014 seulement 126 800 réfugiés ont pu retourner dans leur région, c'est le nombre le plus faible en 31 ans.


 


La nécessaire ouverture des frontières européennes


Près de neuf réfugiés sur dix se retrouvent dans des pays considérés comme économiquement moins développés. « L'un des problèmes est l'absence de politique sur les migrations de l'Union européenne », a-t-il déclaré, appelant les pays européens à « garder leurs frontières ouvertes », seul moyen selon lui de lutter contre les passeurs. Selon le Haut-Commissaire, « il faut plus de formes légales pour que les réfugiés arrivent en Europe » et il a salué « l'effort remarquable » accompli par l'Allemagne et la Norvège pour accueillir les réfugiés syriens.


En 2014 plus de 219 000 réfugiés et migrants ont franchi dans des conditions périlleuses la Méditerranée, « c'est trois fois plus que le précédent pic de 70 000 en 2011 », note le rapport. Quelque 3 500 personnes, des hommes, des femmes et des enfants, ont perdu la vie ou sont portés disparus suite à leur tentative.


Rached Cherif


(Avec AFP)