« Moi, Capitaine » : le drame de la migration en route vers les oscars
Avec la nomination de son film « Moi, Capitaine » aux Oscars, le réalisateur italien Matteo Garrone, cherche à susciter une prise de conscience sur la tragédie des migrants. Avec un film touchant, il parvient néanmoins à éviter de tomber dans la controverse politique.
Matteo Garrone exprime son espoir que toute forme de reconnaissance puisse contribuer à surmonter les préjugés sur des sujets délicats comme celui des migrants. Il a passé de longs mois au Maroc et au Sénégal pour préparer « Moi, Capitaine », qui figure parmi les cinq sélectionnés aux Oscars dans la catégorie du meilleur film étranger.
Son 11e long-métrage malgré, sa photographie impressionnante et ses touches de poésie onirique, aborde la dure réalité du périple périlleux de deux cousins de 15 ans à travers l’Afrique et la Méditerranée, décidés à tenter leur chance en Europe. Le réalisateur raconte avoir été profondément marqué par l’histoire d’un jeune adolescent se retrouvant à la barre d’un bateau de fortune avec 250 vies en jeu, lors de sa visite dans un centre d’accueil pour mineurs à Catane, en Sicile.
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Dans le film, le réalisateur fusionne la réalité quasi-documentaire de « Gomorra », son film sur la mafia napolitaine, avec l’abstraction féerique de « Pinocchio ». Il met en lumière la violence des trafiquants à travers des scènes de torture glaçantes, rappelant les méthodes des réseaux criminels de la Camorra.
De la Camorra aux réseaux de passeurs
Malgré le contexte politique en Italie et en Europe, M. Garrone insiste sur le fait que son film n’a pas de visée politique directe. Il souhaite plutôt mettre en évidence un système injuste et une violation continue des droits humains fondamentaux.
« Moi, Capitaine » a été visionné jusqu’au Vatican par le pape François, et a suscité un intérêt croissant dans les salles et les écoles en Italie. Garrone espère sensibiliser les jeunes sur les dangers de l’exil et de la route migratoire, y compris en Afrique où le film a été diffusé dans une vingtaine de pays.
Malgré cela, la Méditerranée demeure la route migratoire la plus meurtrière au monde, avec plus de 3 000 décès ou disparitions recensés en 2023 selon l’ONU.