Mohamed Bouhsani, stratégie en mode « sans échec »

 Mohamed Bouhsani, stratégie en mode « sans échec »

Mohamed Bouhsani, dirigeant de Weelite

Ce passionné d’informatique dirige depuis dix ans Weelite, spécialisé dans la transformation digitale, à Agadir. Il a depuis créé une structure française et se lancera prochainement dans de nouvelles aventures espagnoles et canadiennes, tout en continuant à œuvrer pour le développement.

Tetris, Pac-Man, Street Fighter… Mohamed Bouhsani est fou de jeux vidéo. Ces titres qui ont bercé son enfance l’ont d’ailleurs sans doute poussé à ne jamais s’avouer vaincu, à toujours rechercher la stratégie gagnante. C’est sans doute de cette façon que l’entrepreneur a toujours fait face à l’adversité.

Dans les années 1990, ce passionné d’informatique dépanne et bidouille avec sa “clique de geeks”. Son père, directeur d’une agence bancaire, le ramène avec lui au bureau. Il se persuade alors qu’il ne sera pas salarié : “Devant tous ces ordinateurs, j’ai vu le potentiel, indique le quadragénaire. Si je ne me projetais pas en tant qu’entrepreneur, je me voyais déjà en tant qu’indépendant.”

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Atteindre ses objectifs, pas à pas

Mais la première contrariété arrive : son choix d’orientation. Mohamed Bouhsani avait choisi de passer un bac économique et social mais il se retrouve par les affres de l’orientation scolaire, en littérature, section espagnole. “L’Education nationale était sur le point de me brider, explique le natif d’Agadir. Il était difficile de contredire le système. Je me suis fait une raison.” Après une brève inscription à l’université Ibn Zohr d’Agadir, il ne se laisse pas abattre et décide de s’inscrire à celle de Grenade, en Espagne, même s’il lui faut passer l’examen de la selectividad (le bac espagnol). Il réussit son pari et se dirige donc vers l’université andalouse en 2003 d’où il ressort avec un double master en tourisme et en développement web.

En 2007, alors que ses camarades marocains choisissent l’étranger, l’étudiant ­retourne au Maroc. Il travaille en agence de voyages et créé quelques mois plus tard sa première société, Oufla Media avec trois associés (un développeur, un commercial et un gestionnaire).

Weelite en mode solitaire

L’aventure ne tiendra qu’un an et huit mois. Pourtant la structure avait su répondre aux besoins, finalisant notamment 15 sites web. “Quand on est jeune, on a plein d’ambition. On avait atteint un chiffre d’affaires de 300 000 dirhams (27 000 euros, ndlr) mais j’avais du mal à pouvoir assurer la double casquette commerciale et technique. J’ai compris à ce moment que la décision ne devait revenir qu’à une seule personne. Cela m’a apporté une vue d’ensemble sur ce qu’il faut faire ou pas dans une entreprise.”

Mohamed Bouhsani en tire alors les ­enseignements nécessaires et avec ses 100 000 dirhams, il crée Weelite en 2011, toujours à Agadir, mais cette fois en associé unique. “Chaque erreur permet d’apprendre, dit l’entrepreneur. Il faut juste éviter de les répéter. Je me voyais dès lors ­capable de prendre des initiatives et d’assumer mes responsabilités.” Son entreprise de transformation digitale et de conseil en stratégie vise trois sortes de clients : les établissements publics, les entreprises privées et les clients internationaux. Son travail pour l’Office régional de la mise en valeur agricole sera d’ailleurs tellement apprécié à Agadir, qu’on lui demandera d’en faire autant à Berkane et prochainement même dans d’autres régions.

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Consolider l’outsourcing

Pour l’étranger, ses clients (des TPE et PME) côtoient des institutions comme la RATP pour qui il développe des applications et des innovations qui “nécessitent sécurité et confidentialité”. Il décide alors d’investir avec un associé dans la création d’une entreprise, Weelite France, à Noisy-le-Grand (Seine-Saint-Denis). “Je voulais consolider les partenariats et les offres en outsourcing auprès de nos clients internationaux et notamment français, souligne Mohamed Bouhsani. De plus, nous visons un marché particulier, celui des TPE en France. Pour le Maroc, nous ne pourrions réussir sans la commande publique.” 

Son objectif : arriver à donner aux TPE la gestion de leur relation client. Avec un seul outil, elles pourront ainsi gérer tous les services (achat, vente, commercial, facturation, RH, production, stocks) et créer leur site internet. En dix ans, Weelite Maroc a vu son chiffre d’affaires monter à 2 millions de ­dirhams (200 000 euros). De son côté, Weelite France arrive déjà à atteindre 70 000 euros de chiffre d’affaires en un an d’existence.

Entreprendre en réseau

La partie n’était pas gagnée d’avance dans la capitale du Souss, où il a embauché dix salariés. Car à 400 kilomètres de Casablanca, les techniciens et les ingénieurs sont plus rares que dans la capitale économique. “Bien sûr, ils peuvent gagner davantage à Casablanca ou à l’étranger. Pour notre part, on prend des élèves de l’Ecole des sciences appliquées et on en fait des experts. On essaie de proposer un cadre agréable de travail et ils bénéficient du ­climat paradisiaque d’Agadir”, se réjouit-il. Son attachement à cette ville lui a d’ailleurs donné l’envie de faire renaître la section moribonde du Réseau entreprendre, lequel est présent dans dix pays et huit villes du Maroc : avec des crédits d’honneur, il réussit à aider à la création de cinq entreprises (pêche, services…).

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Un accompagnement important

Moi, je suis passé par l’autofinancement. Le manque d’informations tue des entreprises. Pourtant, il existe des aides apportées par Maroc PME ou par la Caisse centrale de garantie, par exemple. Il faut aussi être accompagné quand on se lance. Les banques ont commencé à le faire mais cette culture de suivi est encore balbutiante.” Une fois le bureau de l’association reconstitué, il a alors passé la main à sa vice-présidente. Toujours dans l’action, il a aussi créé Renaissance Agadir, un forum pour l’emploi pour la région Souss-Massa-Draâ où 35 entreprises répondent régulièrement à l’appel.

Et Mohamed Bouhsani peut espérer un avenir encore plus radieux pour sa société. En effet, Weelite France, qui vient de lever 30 000 euros de capital, va devenir une holding avec des ouvertures prochaines en Espagne et au Canada. L’entrepreneur n’est donc pas près de terminer sa partie sur un “game over”.