Sauvetage en Méditerranée : l’urgence sanitaire n’arrange rien

 Sauvetage en Méditerranée : l’urgence sanitaire n’arrange rien

Sophie Beau

Alors que toute l’Europe commence à sortir du confinement, la question du sauvetage des migrants en Méditerranée semble, encore, passer au second plan.

 

Bloqués

Bloquées en pleine mer, sur des bateaux de croisière affrétés par le gouvernement maltais, 400 personnes migrantes attendent au large de Malte. Elles attendent de pouvoir débarquer dans un lieu sûr.

La même rengaine depuis plusieurs années, les mêmes difficultés auxquelles les Etats membres ne semblent pas trouver de solution. L’ONG SOS Méditerranée pose la question de la volonté politique : « ces rescapés sont utilisés à des fins de négociations politiques entre les États membres de l’Union européenne, qui, malgré l’urgence de la situation, n’ont pratiquement proposé aucune solution coordonnée pour leur relocalisation ».

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Urgence sanitaire

Si la question du débarquement des personnes migrantes dans des ports sûrs était compliquée, la crise du Covid-19 l’a complexifiée un peu plus.

Les pays en première ligne, notamment l’Italie et Malte, ont déclaré leurs ports « non sûrs » en raison de l’urgence sanitaire dès les 7 et 8 avril, légitimant ainsi tout refus de débarquement.

En outre, « les mesures de solidarité des autres États membres de l’Union européenne envers les États en première ligne, ainsi que les précédents accords de « relocalisation » des personnes secourues en mer, ont été suspendus » précise SOS Méditerranée craignant que la situation ne stagne, d’autant que les navires de sauvetage sont toujours bloqués à quai par les autorités italiennes.

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« Trou noir »

Pendant les deux mois de confinement dans les pays européens, les missions de sauvetages en Méditerranée centrale se sont faites extrêmement rares.

Ainsi, les candidats à la traversée sont sous la menace d’un renvoi en Libye, pays loin d’être sûr, ou exposés à un naufrage et une mort certaine.

Sophie Beau, cofondatrice et directrice générale de SOS Méditerranée insiste à nouveau sur la responsabilité des états-membres :

« L’élargissement du trou noir mortel en Méditerranée, où des personnes disparaissent dans l’anonymat, est inacceptable. Il y a une urgence collective à ce que les pays de l’Union européenne organisent la solidarité. Cet été encore, la Méditerranée ne doit pas se transformer en une mer de mort et d’inhumanité ».