Mineurs isolés étrangers, les grands perdants

 Mineurs isolés étrangers, les grands perdants

Crédit photo : RICCARDO MILANI / HANS LUCAS / AFP


Chargée de la gestion des Mineurs isolés étrangers à Paris, la Croix-Rouge française est aujourd'hui montrée du doigt concernant certains dysfonctionnements.


Lettre ouverte


Depuis janvier 2016, la Croix-Rouge française a été chargée, par la Mairie de Paris, de la gestion du dispositif d’évaluation des mineurs isolés étrangers (DEMIE). Or, cette semaine, dans une lettre ouverte au président de la Croix-Rouge, M. Jean-Jacques Eledjam, vingt-sept organisations reprochaient certains dysfonctionnements : « Nous constatons chaque jour des conditions d’accueil et d’évaluation contrevenant à la réglementation française, aux recommandations du Défenseur des droits et aux principes internationaux régissant les droits de l’enfant ».


Dysfonctionnements


Parmi les reproches fait par les organisations ayant écrit cette lettre, outre les « refus d’évaluation purs et simples, entretiens sommaires, questions déstabilisantes, remise en cause de la validité des documents présentés, absence d’interprètes », les signataires insistent sur le fait que les lenteurs du dispositif mettent les enfants en situation de danger :


« En pratique, nous constatons qu’entre la date de son évaluation par le DEMIE et la date de la décision de placement du juge des enfants, un mineur isolé peut passer entre deux et dix-huit mois à la rue ».


Mineurs étrangers, les grands perdants


Selon une délibération du Conseil national d’évaluation des normes datant du 8 novembre, les premiers éléments du projet de décret d'application de la loi « Asile et Immigration » ne vont pas en faveur des mineurs isolés étrangers. Un nouveau fichier appelé « Appui à l’Évaluation de la Minorité » (AEM), pour lequel les mineurs devront livrer nombre d'informations (Etat civil, adresse, filiation, date et conditions de l'arrivée en France…).


Une collecte d'informations à laquelle les jeunes isolés étrangers ne pourront se soustraire sous peine de voir ce refus interpréter « comme un aveu de majorité », entraînant la prise en charge par l'Aide sociale à l'enfance (ASE), mais de surcroît, une mesure d'éloignement.