Migrants : évacuations en chaîne à Paris

 Migrants : évacuations en chaîne à Paris

Evacuation par la police du camp de plus de 500 migrants et réfugiés situé le long du canal de Saint-Martin à Paris


Une énième évacuation de camp de migrants, à Paris, et empêcher une réinstallation. Cette volonté du gouvernement est-elle possible sans changements structurels ?


Evacuations en chaîne


Une nouvelle fois, aujourd’hui (4 juin), le nord de Paris est le théâtre d’évacuations de camp de migrants (porte de la Chapelle, Canal Saint-Martin). Tout s’est accéléré, fin mai, avec le communiqué du ministère de l’Intérieur informant avoir convoqué le préfet de Paris et celui d’Île-de-France pour la mise en place des évacuations. Ce qui a eu pour résultat l’évacuation, la semaine dernière, du « camp du Millénaire » et de deux autres camps aujourd’hui.


« Cette évacuation conduira à l’hébergement temporaire des personnes concernées dans une vingtaine de sites de Paris et de la région parisienne, puis à l’examen de la situation administrative de ces personnes, en vue d’identifier le devenir de ceux qui ont été évacués », indiquait le gouvernement suite à l’évacuation du camp du Millénaire.


Manque de places


« Ce sont des dizaines de milliers de places qui manquent depuis des années pour les héberger, des milliers de places d’hébergement insalubres qui leur sont proposées, seulement pour quelques jours, avant qu’ils et elles soient contraints de regagner une tente ou un abri sous un porche. Aucune solution pérenne, même de premier accueil, n’a réussi à être « conçue » depuis 20 ans », s’indignait le GISTI dans un communiqué la semaine dernière.


Un constat partagé par la maire de Paris, Anne Hidalgo, pour qui la solution passe nécessairement par la reconstruction d’un centre d’accueil dans Paris, celui de La Chapelle, dont les portes ont été fermées en mai, ayant très vite atteint ses limites.


Pas de changement structurel


L’année dernière, peu de temps avant l’élection du nouveau président de la République, des collectifs d’habitants du nord de la capitale, qui aident les migrants, s’indignaient déjà de la politique d’accueil. Pour eux, cette dernière demandait à être repensée et la volonté du gouvernement n’allait pas dans ce sens :


« Nous avons rencontré nombre d’élus du XVIIIème, du XIXème, du Xème, de la mairie de Paris, des responsables de maraudes, des acteurs associatifs, des membres d’ONG et nous sommes, quoi qu’il en soit, confrontés au même constat : l’Etat français « bloque » (…) L’Etat ne veut pas se donner les moyens de parvenir à répondre à minima aux attentes de personnes qui demandent refuge (…) En revanche, il sait se donner les moyens pour contraindre, empêcher, réprimer, faire disparaître ! [Reconduite aux frontières, ndlr] ».


La loi « Asile et immigration » sera examinée par les sénateurs et sénatrices, ce mois-ci (juin). Malgré ces énièmes modifications de la loi, des changements structurels devront avoir lieu pour répondre en amont à la problématique d’accueil.


Charly Célinain