Méditerranée : l’accord Italie-Libye néfaste pour les migrants ?
Suite à un accord Libye-Italie, les côtes libyennes sonnent souvent la fin de l'aventure pour des migrants qui ensuite sont retenus dans des conditions jugées opaques.
La lettre
Fin janvier, Oxfam et 53 ONG, françaises et européennes, ont publié une lettre ouverte aux gouvernements de l'Union européenne afin de leur faire part de leurs inquiétudes concernant la route migratoire menant de Libye en Italie.
Selon un accord signé entre ces deux pays le 2 février 2017, les gardes-côtes libyens se voient fournir « argent et soutien technique » pour « freiner » le flux migratoire menant en Europe et notamment en Italie.
Le problème, pour les ONG signataires de cette lettre, est le fait que les conditions de détention libyennes sont sérieusement remises en question : « Les personnes qui sont renvoyées de force en Libye sont susceptibles d’être placées en détention arbitraire, torturées ou vendues en esclavage. Selon l’agence des Nations unies pour les Réfugiés (HCR), plus de 15 000 personnes ont été renvoyées en Libye en 2018 ».
Echec
Outre cette politique d'externalisation des frontières de l'UE en Turquie et sur les côtes africaines, les Etats membres compliquent les missions de sauvetage en Méditerranée des organisations de la société civile. Après plusieurs accusations visant à criminaliser les membres de l'équipage, l'Aquarius a dû, en octobre dernier, mettre un terme à ses missions de sauvetage suite au retrait de son pavillon par le Panama. Malgré la recherche d'un nouveau navire et d'un nouveau pavillon, l'ONG SOS Méditerranée ne peut que déplorer le drame que cela représente : « Aujourd'hui, quasiment aucune opération de recherche et de sauvetage ne subsiste en mer et ce vide est pour nous le plus mortifère des échecs de l'Europe ».
Sauver des vies humaines
Le 7 février aura lieu une réunion informelle des ministres de la Justice et des Affaires intérieures de l'UE.
Pour Oxfam et les 53 ONG, les objectifs à atteindre sont clairs et énoncés dans la lettre ouverte. L'obtention d'accords sur le soutien des opérations de recherche et de sauvetage (notamment des autorisations d'accoster dans les ports des membres de l'UE), sur l'adoption des procédures de débarquement rapides et prévisibles (notamment la répartition des personnes secourues entre les membres de l’UE) et sur la fin des renvois vers la Libye.
Les signataires de cette lettre ouverte demandent simplement le respect du droit international.