L’urgence sanitaire bloque les sauvetages en Méditerranée
Après plus d'un mois, le sauvetage des personnes exilées a repris en Méditerranée. Mais aux anciennes difficultés viennent s'en ajouter de nouvelles.
Menace libyenne
Depuis début avril Alan Kurdi, navire affrété par l'ONG allemande Sea-Eye, est de nouveau en mer Méditerranée pour assurer des missions de sauvetage des personnes exilées tentant la traversée vers l'Europe.
Lundi (6 avril), alors que le navire était en train de manœuvrer pour sauver 68 personnes, un hors-bord battant pavillon libyen a gravement mis en danger le sauvetage comme le raconte l'ONG : « Après que des coups de feu ont été tirés en l'air, environ la moitié des personnes sur le bateau en bois ont sauté dans l'eau en panique sans gilets de sauvetage et ont tenté de nager vers l'Alan Kurdi ». Finalement, l'équipage a réussi à lancer des gilets de sauvetage et sauver tout le monde de la noyade.
Angoisse sanitaire
Lundi après-midi (6 avril), Alan Kurdi sauvait cette fois-ci 82 nouvelles personnes. C'est donc un total de 150 personnes rescapées que le navire doit maintenant débarquer dans un lieu sûr. Or il s'avère que trouver un port sûr pour débarquer les rescapés reste, aujourd'hui encore, une difficulté majeure malgré la mise en place, par les Etats membres de l'UE, d'une répartition des personnes secourues.
Selon l'ONG, le ministère allemand des Affaires étrangères a été averti par les ministères italien et maltais qu'ils « ne consentiraient pas à un débarquement », mettant en avant les « urgences de santé publique dans leur propre pays ».
Juste 150 personnes
Mis sous pression, le ministre allemand des Affaires étrangères aurait demandé à Sea-Eye de stopper ses missions de secours. L'ONG, qui a 150 rescapés à débarquer, en appelle à la compréhension et à l'humanité du gouvernement allemand :
« Après tout, l'Allemagne est notre État du pavillon. Au cours des derniers jours, le gouvernement fédéral a réussi à rapatrier 200 000 de ses propres citoyens de l'étranger dans un immense effort. Il doit être imaginable et humainement possible d'envoyer un avion pour 150 personnes en quête de sécurité en Europe du Sud afin d'évacuer immédiatement ces personnes », déclarait le président de Sea-Eye.