France-Maghreb : une politique migratoire qui inquiète
Les droits des migrants maghrébins seront-ils impactés par les mesures annoncées début novembre ? C'est la crainte de certains observateurs.
Impact négatif
Les liens historiques entre la France et les pays du Maghreb revêtent une importance aussi bien économique que géostratégique. Le 6 novembre dernier, le Premier ministre Edouard Philippe annonçait 20 décisions pour « améliorer » la politique d'immigration, d'asile et d'intégration. La société civile des pays du Maghreb et les organisations de défense des droits de l'Homme s'inquiètent de la direction prise par cette politique migratoire. Catherine Teule, vice-présidente d’EuroMed Droits et représentante de la Ligue des droits de l’Homme (LDH), déclarait jeudi dernier (12 décembre) que ces nouvelles mesures « auront un impact négatif sur les droits des personnes migrantes originaires du Maghreb, même si cette politique restrictive est déjà à l’œuvre avec, par exemple, une baisse de 30% des visas accordés aux Algériens en 2018 ».
Regroupement familial
« L'étranger non européen, titulaire d'un titre de séjour en France, peut être rejoint par son époux et ses enfants. C'est ce qu'on appelle la procédure de regroupement familial. L'étranger demandeur et la famille le rejoignant doivent remplir certaines conditions » dans les textes. Ce sont les conditions du regroupement qui deviendraient plus drastiques, ce que regrette notamment Saïd Tbel, représentant de l’Association marocaine des droits de l’Homme : « le regroupement familial a commencé à poser problème depuis quelque temps. On a notamment recensé le cas de personnes malades qui se sont vu refuser un visa pour se faire soigner en France ».
Immigration choisie ?
Le 6 novembre dernier, Edouard Philippe déclarait : « Nous voulons reprendre le contrôle de notre politique migratoire ». Pour ce faire, le gouvernement se dirigerait vers une ancienne recette, testée sans réelle succès sous le gouvernement Sarkozy : l'instauration de quotas afin de pourvoir une liste de métiers en tension préalablement identifiés. Présents à Paris, le 12 décembre dernier, les membres d'une délégation de représentants de la société civile d’Algérie, du Maroc et de la Tunisie craignent une « fuite des cerveaux » : « les quotas professionnels retirent, à leurs dépens, des compétences essentielles aux pays du Maghreb (…) Nous ne sommes pas opposés à la libre circulation des personnes mais celle-ci doit prendre place dans un cadre plus global, ouvert à d’autres catégories socioprofessionnelles dont les travailleurs non-qualifiés et les jeunes qui doivent avoir la possibilité de se former en France ou en Europe » rappelle Kamel Jendoubi, ancien ministre tunisien et président d’honneur d’EuroMed Droits.