Accueil des migrants rescapés : le paradoxe français
Après une semaine d’errance et de tensions entre pays européens, les migrants recueillis en mer par SOS Méditerranée ont enfin foulé le Vieux continent hier.
Indésirables
Suite aux refus des autorités italiennes puis maltaises de voir accoster le navire de l’ONG SOS Méditerranée, c’est finalement en Espagne, à Valence, qu’ont été débarqués 629 migrants rescapés de naufrage. Une semaine d’errance en mer Méditerranée due aux tensions résultant des différentes politiques migratoires des pays européens.
Longtemps laissée seule face à cette responsabilité, l’Italie a accueilli nombre de migrants rescapés. Aujourd’hui, avec son nouveau gouvernement, elle refuse d’endosser cette responsabilité seule et exhorte toute l’Europe à prendre sa part dans l’accueil des migrants.
Cynisme
Autour de l’accueil de ces rescapés, c’est une véritable passe d’armes diplomatique qui a eu lieu entre la France et l’Italie. Alors que le sort des rescapés se jouait dans les hautes sphères, de nombreuses voix ont fait entendre leur indignation face à la position et l’immobilisme du gouvernement français :
« Cynique, il [le gouvernement français, ndlr] a même dénoncé l’attitude de l’Italie, oubliant que, à la frontière italienne, la police expulse des migrant-es au mépris du droit international. Ces personnes passent alors par la montagne et sont secourues par des personnes solidaires, à leur tour poursuivies par la justice » déclarait la FSU (Fédération syndicale unitaire) samedi 16 juin.
Solidarité
Le blocage des migrants à la frontière franco-italienne, ainsi que tous les cas de citoyens par la justice pour avoir apporté leur aide, parfois vitale, à des migrants, ne plaident pas en faveur du gouvernement français. Donc, oui la France va aider l’Espagne à accueillir les 629 rescapés mais d’autre part la future loi « Asile et immigration » risque de restreindre considérablement les conditions d’un bon accueil.
Face à ce paradoxe, la FSU, comme de nombreux organisations, demande « un accueil digne des migrant-es, le respect du droit d’asile, la fin du placement en rétention des personnes – dont de jeunes enfants – en situation irrégulière et la suppression effective du délit de solidarité ».
Le projet de loi « Asile et immigration » sera examiné au Sénat à partir de demain (19 juin).
Charly Célinain