Violences, conditions détériorées… la rétention en question
Les conditions d'enfermement au sein des centres de rétention (CRA) semblent se détériorer entraînant des contestations de plus en plus vives.
Grève de la faim
« On a tous une histoire différente, qu’on soit travailleur, étudiant depuis peu en France ou vivant ici depuis presque 20 ans… Et on a tous le droit de vivre ici, où on a nos attaches » c'est le message que lançaient des retenus du CRA de Vincennes le 3 janvier dernier pour protester contre les violences policières, pour un véritable accès aux soins notamment.
Ceux-ci lançaient à ce moment-là une grève de la faim et appelaient leurs soutiens « à l'extérieur » à relayer leur message.
Le 8 janvier dernier, des retenus du CRA du Mesnil-Amelot entamaient également une grève de la faim en solidarité avec leurs homologues de Vincennes.
Mobilisation
Si les grèves de la faim sont aujourd'hui terminées, les retenus veulent continuer de dénoncer leurs conditions de rétention qu'ils estiment « indignes » : « les grève de la faim ont peu à peu cessé. Si la pratique de la lutte de la faim a posé ses limites a l'intérieur, les copains enfermés veulent continuer à résister et à lutter pour empêcher ces déportations [reconduites aux frontières, ndlr] ». A l'extérieur ça s'organise également. Après le rassemblement de la semaine dernière devant le CRA du Mesnil-Amelot, aujourd'hui (21 janvier), un rassemblement est prévu au CRA de Vincennes.
Violence et insultes
Ces derniers mois les conditions de rétention semble se détériorer. Outre les cas de violences rapportés lors des reconduites aux frontières, le Bureau d'aide aux migrants (BAAM) rapportait, mi-janvier, un cas d'homophobie.
Selon ces derniers, Wagner a déposé plainte contre les policiers du CRA de Vincennes pour insultes homophobes et harcèlement. A l'occasion de sa demande d'asile « Il s’est plaint des moqueries des policiers pendant l’entretien (…) Un recours a été déposé mais il n’est pas suspensif et n’évitera donc pas son expulsion forcée » explique l'association.
Manque d'effectif
Violences, insultes, les forces de police seraient-elles dépassées ? C'est une des explications possibles qu'avançait, sans pour autant excuser les violences, la Cimade, association d'aide et de soutien aux personnes migrantes, en septembre dernier : « Les effectifs de police, déjà insuffisants, n’ont pas été renforcés en conséquence (…) Certaines escortes vers les tribunaux où les personnes peuvent tenter de faire valoir leurs droits ne peuvent même plus être assurées ».
Au manque de moyens et d'effectifs policiers, l'allongement de la durée de rétention, et donc, la possibilité de voir les centres de rétention plus surchargés qu'ils ne le sont déjà, ne contribuera pas à une amélioration des conditions dans les CRA.
Faudrait-il déjà revoir la nouvelle loi « Asile et immigration » à peine entrée en vigueur ?