« Trop » de réfugiés en Europe : quand le Dalaï-Lama tombe de son piédestal
Le Dalaï-Lama a estimé qu'il y avait à présent « trop » de réfugiés en Europe après la vague d'arrivées l'an dernier et que ces migrants cherchant protection ne devaient rester que provisoirement sur place, dans une interview publiée mardi en Allemagne. Le chef tibétain fait référence aux centaines de milliers de déplacés arrivés en Europe après avoir fui la guerre en Syrie et en Irak pour la plupart.
« Quand nous regardons le visage de chaque réfugié, surtout ceux des enfants et des femmes, nous ressentons leur souffrance et un être humain qui a de meilleures conditions de vie a la responsabilité de les aider. Mais d'un autre côté, il y en a trop à présent » en Europe, a déclaré le chef spirituel des Tibétains au quotidien Frankfurter Allgemeine Zeitung.
Adoptant une rhétorique que ne renierait pas l’extrême droite, il estime que « l'Europe, l'Allemagne en particulier, ne peut devenir un pays arabe, l'Allemagne est l'Allemagne ». L'Allemagne a en effet accueilli l'an dernier un nombre record d'un million de réfugiés. Le flux a nettement ralenti cette année, suite notamment à la fermeture de la « route des Balkans », principale voie d'accès depuis la Turquie l'an dernier.
Plusieurs milliers de personnes ont trouvé la mort en tentant d’arriver en Europe depuis la Turquie après avoir fui la Syrie, l’Irak et l’Afghanistan. Le seul conflit syrien a fait environ 300 000 morts depuis 2011 et 8 millions de déplacés, dont 4 millions ont quitté le pays. Dans son intervention, le Dalaï-Lama ne mentionne à aucun moment le fait que la grande majorité de ces réfugiés survivent dans des camps en Turquie, en Jordanie et au Liban. Le poids des réfugiés, qui représentent 25 % de la population au Liban et plus de 10 % en Jordanie, est une réelle menace pour la stabilité de ces pays. Le million de demandeurs d’asile arrivés en 2015 outre-Rhin représente 1,25 % de la population allemande et 0,2 % de la population européenne.
Rached Cherif