Tony Abbott invite l’UE à suivre l’exemple australien de refoulement systématique des migrants

 Tony Abbott invite l’UE à suivre l’exemple australien de refoulement systématique des migrants

L’Australie est régulièrement condamnée


Le premier ministre australien Tony Abbott a conseillé mardi à l'Union européenne de suivre l'exemple de son pays et de refouler tous les migrants arrivés par la mer afin d'empêcher des drames comme le naufrage d'un chalutier dimanche en Méditerranée. Une politique migratoire largement décriée par les organisations de défense des droits de l’Homme et par l’ONU comme contraire aux conventions internationales.


 


Élargissement de la mission Triton aux opérations de sauvetage


Selon des représentants du Haut commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) et de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM), 800 migrants ont péri dans ce naufrage survenu au large de la Libye. Le commissaire européen en charge du dossier, Dimitris Avramopoulos, a détaillé lundi un plan d'action en dix points qui servira de « base de travail » aux dirigeants de l'UE qui se retrouveront jeudi pour un sommet extraordinaire.


Le plan d'action prévoit notamment le doublement des moyens pour la mission de surveillance maritime Triton, qui pourra patrouiller dans une zone plus large et devra participer aux secours. Une mesure plus audacieuse, de capture et de destruction des bateaux utilisés par les trafiquants, est également envisagée.


 


La politique australienne du pire


Pour l’Australien Tony Abbott, seul le refoulement systématique des bateaux chargés de migrants est efficace. « Des centaines, peut-être des milliers de personnes se sont noyées en essayant d'atteindre l'Europe depuis l'Afrique. Le seul moyen d'empêcher ces tragédies est de mettre fin (à l'arrivée) des bateaux », a-t-il déclaré à des journalistes. « Il est urgent que les Européens adoptent une politique très ferme qui puisse mettre fin au trafic d'êtres humains en Méditerranée », a-t-il ajouté.


Peu après son arrivée au pouvoir en septembre 2013, le gouvernement conservateur de Tony Abbott a lancé avec l'aide de l'armée l'opération « Frontières souveraines » pour décourager les réfugiés d'arriver par la mer. Les arrivées étaient quasi quotidiennes et 1 200 réfugiés avaient péri sous le précédent gouvernement travailliste alors que selon la droite aucun migrant n'est mort en mer en près de 18 mois.


 


Migrants et réfugiés parqués dans des camps illégaux


Cette politique comporte deux volets. Les bâtiments de la marine interceptent les bateaux transportant des migrants et les renvoient vers leur point de transit, souvent l'Indonésie. Les demandeurs d'asile qui arrivent par bateau en Australie sont également placés dans des camps de rétention sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou sur l'île de Nauru, dans l'océan Pacifique.


Même si leur demande d'asile est considérée comme légitime après instruction de leur dossier, Canberra ne les autorise pas à s'installer en Australie. La seule option qui s'offre à eux est le retour dans leur pays, la vie dans les camps de rétention dans les îles ou au Cambodge, pays pauvre avec lequel l'Australie a conclu un accord.


Les défenseurs des droits de l'Homme dénoncent cette politique, estimant que l'Australie s'est tout simplement déchargée sur d'autres de ses responsabilités. Les Nations unies ont également condamné Canberra, accusée de manquer à ses obligations de signataire de la Convention sur les réfugiés de 1951 qui stipule que les migrants ont le droit de demander l'asile.


 


Le processus d’externalisation des frontières déjà lancé par l’Europe


Pour le moment, les marines européennes et Frontex, l’agence de surveillance des frontières de l’UE, n’ont pas pour consigne de refouler les migrants interceptés. Mais, l’UE ambitionne de déléguer une partie de la gestion de ses frontières aux pays de départ des migrants, notamment dans le cadre du processus de Khartoum lancé en 2014.


Celui-ci prévoit des efforts coordonnés dans la lutte contre la migration irrégulière et surtout la mise en place d’un cadre légal pour le retour et la réadmission des migrants interceptés. Une disposition contestée par un nombre croissant d’ONG estimant que les violations répétées des droits humains et les guerres dans plusieurs pays participants au processus, notamment l’Érythrée, le Soudan, le Sud-Soudan ou encore la Somalie, mettent en danger les migrants qui y seraient renvoyés.


Rached Cherif