Secours en Méditerranée : vers une coopération régionale ?

 Secours en Méditerranée : vers une coopération régionale ?

SOS Méditerranée – Opération de sauvetage de réfugiés. AFP /


Les réticences de l’UE à accueillir des rescapés de la Méditerranée sont de plus en plus flagrantes. Une coopération régionale pour l’accueil est-elle envisageable ?


Chiffres inquiétants


Les affaires de l’Aquarius et du Lifeline ont mis en évidence les désaccords des pays membres de l’Union européenne concernant l’accueil des migrants. Pendant ce temps la Méditerranée prend toujours plus de vie selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) : « une personne sur sept ayant tenté la traversée a perdu la vie en juin, contre une personne sur 38 au premier semestre 2017 ». Pour France Terre d’Asile (FTDA), l’Europe a un rôle prépondérant qu’elle doit assumer : « Ce macabre décompte ne peut que continuer dès lors que l’on éloigne les bateaux de sauvetage et que l’on laisse la responsabilité des secours aux seules milices libyennes ».


Le retour de l’idée des « centres »


Le 28 juin dernier, lors du Conseil européen, les chefs d’État ou de gouvernement de l'UE ont discuté de mesures pour réduire les migrations illégales. Depuis 2015, un certain nombre d’actions ont été mises en place permettant de réduire drastiquement cette immigration : « le nombre de franchissements illégaux des frontières de l'UE détectés a été réduit de 96 % par rapport au pic qu'il avait atteint en octobre 2015 ». Afin de réduire l’entrée en Europe des migrants illégaux, pour le Conseil européen, tous les pays membres doivent être impliqués : « les personnes secourues devraient être prises en charge, sur la base d'un effort partagé, par un transfert dans des centres contrôlés. Ces centres doivent être établis dans des États membres, uniquement sur une base volontaire ». L’introduction de cette idée de volontariat risque d’avoir pour conséquence la multiplication des exemples de navires non-autorisés à débarquer leurs rescapés sur les côtes européennes.


Impliquer l’Afrique aussi ?


Impliquer les pays africains dans cette lutte contre l’immigration illégale, impliquer les pays frontaliers des pays en conflits, ces idées revenant régulièrement dans les discussions sont-elles pertinentes ? Pour FTDA, de nombreuses conditions sont pré-requises : « Si on veut convaincre ces pays, et non les acheter, ce ne peut être qu’au titre de l’objectif humanitaire du secours en mer, selon des règles internationalement acceptées, et avec un mécanisme de réinstallation efficace (…) Le principe de non refoulement doit être aussi respecté par tous ».


L’idée d’une coopération régionale pour réguler l’immigration vers l’UE, et surtout pour réduire le nombre de morts en Méditerranée, ne sera viable que si chaque État membre joue sa partition. Jusqu’ici nous sommes plutôt face à une cacophonie…


Charly Célinain