Projet d’accord UE-Turquie : Un troc de migrants ?
L'Union européenne semble bien impuissante face aux nombreux migrants toquant à sa porte par la Grèce et la Turquie. Le 7 mars dernier, un sommet entre l'UE et la Turquie dessinait les contours d'un projet d'accord où la Turquie ferait office de sas de l'Europe. Selon des associations humanitaires, la Turquie n'offre pas des conditions d'accueil annoncées, avec notamment une politique d'expulsion assez stricte.
La porte (blindée) de l'Europe
Selon l'association France terre d'accueil (FTDA), l'accord UE-Turquie qui semble se dessiner permettra surtout à tous les Etats membres de l'UE de se décharger de leurs responsabilités sur la Turquie, à qui elle promet quepour chaque migrant expulsé vers le territoire turc, un migrant sera accueilli en Europe. Un troc insupportable pour FTDA : « Le projet d’accord UE-Turquie bafoue le droit international et européen. Il envisage des expulsions collectives interdites par la Convention européenne des droits de l’homme (…) La Turquie ne peut être considérée comme un pays sûr pour tous les demandeurs d’asile et elle renvoie de nombreuses personnes vers leur pays d’origine sans étudier leur besoin de protection ».
Une solution humaine
Cependant, il est difficile de blâmer la Turquie qui est en première ligne face à cette vague d'immigration et qui accueille déjà plus de trois millions de réfugiés. De plus, l'accord UE-Turquie laisse quand même entrevoir des solutions concrètes en faveur de l'accueil des migrants : « Pour contrer le business des passeurs, il faut proposer des voies légales d’accès, comme la réinstallation, mais aussi les visas humanitaires ou le regroupement familial (…) en garantissant un examen individuel de la demande d’asile et en faisant preuve de solidarité avec les pays en première ligne, notamment par un mécanisme de redistribution » explique FTDA.
Difficile de faire la balance entre les avantages et les inconvénients de ce projet d'accord entre l'UE et la Turquie. Un accord qui pourrait bien être entériné aujourd'hui (18 mars) lors du Conseil européen, ce qui ne serait pas forcément une bonne nouvelle pour l'entraide et l'accueil.
Après le renforcement du contrôle en mer Méditerranée, l'Europe semble se barricader un peu plus malgré les discours d'ouverture prononcés fin 2015 …
F. Duhamel