Les Yvelines sont-elles plus sévères avec les jeunes étrangers ?

 Les Yvelines sont-elles plus sévères avec les jeunes étrangers ?

Pierre Bédier


En 2017, les Yvelines ont accueilli trois à dix fois moins de jeunes étrangers que les départements voisins. La politique du département est mise en cause.


Urgence


Président du conseil départemental des Yvelines, Pierre Bédier s'est vu adressé un courrier pointant les anomalies concernant la prise en charge des mineurs isolés étrangers. La plupart de ces derniers font face à un refus de mise à l'abri par la cellule "Mineurs non accompagnés" (MNA) de l'Aide sociale à l'enfance (ASE), dans des conditions troubles. Un collectif d'associations (dont LDH 78, MRAP 78, RESF 78…) a donc décidé d'interpeller directement M. Bédier par écrit.


Vérifications


Les 19 associations et organisations expéditrices de cette lettre lèvent le voile sur des pratiques limites. Selon ces dernières, les services du département nieraient la minorité des jeunes étrangers sans même vérifier les documents d'état-civil, ou d'identité.


Pourtant, des dispositions ont été prises au niveau national pour avoir le temps de faire ces vérifications : « l’État français finance les cinq premiers jours de prise en charge pour évaluation de la minorité et de l'isolement, à raison de 250 € par jour et par personne » rappellent les associations. 


Double barrière


Toujours selon le collectif d'associations, le dispositif de répartition nationale oblige les Yvelines à prendre en charge des jeunes étrangers en provenance d'autres départements : « la majorité des 328 jeunes qui vous ont été confiés à ce titre en 2017 ont été mis à l’hôtel. Certains d’entre eux ont fait l’objet d’une nouvelle évaluation en contradiction avec la lettre et l’esprit du dispositif national d’accueil des mineurs isolés, issu de la loi du 14 mars 2016, qui repose sur la reconnaissance mutuelle du résultat des évaluations réalisées par les autres départements ».


Anomalies multiples


Qui dit double évaluation dit également deux fois plus de chances de se voir nier sa majorité. D'autant plus quand les services chargés de cette nouvelle évaluation font appel au parquet pour procéder à des expertises osseuses et dentaires, dont il a été prouvé qu'elles ont « une marge d’erreur d’au moins dix-huit mois »…


Dans son courrier au président du conseil départemental des Yvelines, le collectif liste bien d'autres anomalies. Reste à voir si ce courrier sera pris en compte…