Les ONG indésirables en mer Méditerranée
Le 31 juillet dernier, lors d'une réunion au ministère de l'Intérieur de Rome, le gouvernement italien soumettait un « code de conduite » à destination des ONG intervenant en Méditerranée. Aujourd'hui, l'action de ces organisations humanitaires est clairement mise en doute par l'Union européenne, mais également par la marine libyenne, ce qui devrait compliquer les missions de sauvetage en mer.
Le code finalement signé
L'organisation humanitaire SOS Méditerranée a accepté de signer, vendredi (11 août), le « code de conduite » du gouvernement italien à l'adresse des ONG effectuant des missions de sauvetage en Méditerranée.
L'ONG avait refusé de signer et demandé d'ajouter trois amendements : une autorisation pour le transbordement des rescapés, pas de policiers armés à bord et 24 heures réservées à l'assistance médicale pour le réfugié. La signature de ce « code de conduite » n'ôte pourtant pas les doutes des gouvernements italien et libyen concernant l'efficacité de l'action des ONG.
Des ONG indésirables ?
Jeudi dernier (10 août), la marine libyenne a annoncé d’une zone de recherche et de sauvetage (SAR), interdite aux navires étrangers, et spécialement aux ONG privées. Une mesure bien accueillie par le gouvernement italien ayant, ces derniers mois, largement évoqué une éventuelle responsabilité des ONG dans ce mouvement migratoire.
L'association Migreurop déplore ces accusations : « en mettant en cause les ONG, accusées de complicité avec des réseaux de « passeurs », il s’agit de faire place nette, de réduire à néant une action considérée comme favorisant un « appel d’air » migratoire et de faire taire des témoins du processus d’externalisation en Libye ».
Externalisation
Une des solutions retenues par plusieurs Etats membres de l'UE, pour freiner le flux d'arrivée de migrants, est l'externalisation du contrôle migratoire en Libye. « une Libye auxiliaire des politiques de contrôle migratoire de l’UE peut être reconnue comme un partenaire politique et économique à part entière, dussent les droits humains et les principes démocratiques passer à la trappe » selon Migreurop, en référence au racket et à l'exploitation des migrants, en cours, en Libye.
Pour bouter le « problème » migratoire hors de ses frontières, l'Europe privilégie cette solution. Les missions de sauvetage, délaissées par les Etats-membres et reprises par les organisations humanitaires, semblent bien gêner les plans de l'UE.
CH. Célinain