Les associations dénoncent les contradictions de l’accord UE-Turquie

 Les associations dénoncent les contradictions de l’accord UE-Turquie

Données sur les arrivées de réfugiés par la mer Méditerranée en 2016 et principaux points de l’accord UE-Turquie / AFP/Archives


 


Si la crue de la Seine a submergé l'attention médiatique, les associations humanitaires n'en restent pas moins vigilantes en ce qui concerne l'accueil des migrants en France et en Europe. L'association France Terre d'Asile mettait déjà en garde avant l'adoption de la déclaration conjointe de l'Union Européenne et de la Turquie. Un peu plus de deux mois après la mise en place de cet accord, les gros doutes émis par l’association sont devenus une « opposition fondamentale ».


 


 


Faux prétextes


« Le préambule de la déclaration du 18 mars 2016 tente d’avancer des raisons humanitaires à la conclusion d’un tel accord, telles que la nécessité du démantèlement des réseaux de passeurs ou la prévention des morts lors des traversées sur des embarcations de fortune » rappelle FTDA. C'est donc bien sous prétexte d'une volonté affichée de sauver des vies, que cet accord UE-Turquie a été adopté. Sauf que, dans les faits, cet accord permet aussi à certains pays membres de se laver les mains des expulsions de migrants vers la Turquie notamment en généralisant l’application du concept de "pays tiers sûr" : « Ce dernier permet aux États européens de ne pas examiner le fond d’une demande d’asile sous prétexte que les réfugiés ont transité par un pays pouvant leur offrir une protection ». La Turquie, mais également la Grèce, font les frais de cette nouvelle politique.


 


Plan de réinstallation


Pour chaque migrant expulsé vers le territoire turc, un migrant sera accueilli en Europe. Ce « troc » européen avait fait bondir toutes les associations humanitaires et ce, d'autant plus, que ce sont quasi exclusivement des Syriens qui bénéficient de cette « réinstallation » : « Notons au passage cette infraction supplémentaire qui consiste à hiérarchiser les bénéficiaires du droit d’asile sur la base de leur nationalité. Pourquoi les 300 000 Irakiens, Afghans ou autres personnes en besoin de protection ne bénéficieraient-ils pas comme les Syriens de l’opportunité de la réinstallation ? » selon FTDA. Ces derniers voulant pousser les Etats de l'UE à mettre en place un réel programme de réinstallation « sans condition ni contrepartie » mais aussi à « renforcer le dialogue avec les pays de premier accueil, non pas dans un objectif d’externalisation, mais de renforcement de leurs capacités et de coopération ». Ce qui pourrait effectivement être un premier pas vers une politique d'accueil digne mais est-ce vraiment la volonté des états européens… ?


 


F. Duhamel